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Johanny Bert présente Le Spleen de l’ange, sa nouvelle création, au Théâtre des Abbesses. Accompagné d’une manipulatrice d’objets marionnettiques, de deux musiciens et d’une musicienne, le comédien-metteur en scène nous entraîne dans une réflexion très touchante sur les paradoxes de l’existence humaine.
Les images sont belles et les chansons mélancoliques. Une atmosphère envoûtante — faite de paysages sonores vaporeux et de tableaux visuels en clair-obscur — nous mène jusqu’aux territoires poétiques d’un ailleurs propice à l’introspection. À la croisée des arts de la marionnette, du théâtre d’objets et du théâtre musical, la nouvelle création du directeur de la Compagnie Théâtre de Romette s’ouvre sur des paroles de Wim Wenders. Extraits d’une émission diffusée sur France Culture en septembre 1987, dans laquelle le cinéaste allemand répondait aux questions de Serge Daney au sujet de son film Les Ailes du désir, ces propos servent de point d’appui, de source d’inspiration à Johanny Bert. « C’était pour pouvoir montrer les humains que j’ai inventé les anges… », déclarait notamment Wim Wenders à la radio. De même, c’est pour parler des paradoxes de l’existence, de la spécificité de notre condition dont la valeur réside en partie dans sa finitude, qu’un être immortel, un ange ayant cessé toute relation avec le divin, vient ici à nous. Il s’approche de la Terre, regarde les femmes et les hommes qui la peuplent, se dit qu’il veut leur ressembler. Il renonce ainsi à son immortalité et se change, peu à peu, en humain.
La beauté poétique de notre condition
Ce long processus d’incarnation ne va pas de soi. Bloqué entre deux mondes, l’aspirant mortel se coupe les ailes à de multiples reprises, usant pour cela de toutes sortes de procédés. Mais ces attributs encombrants finissent toujours pas se régénérer. Déterminé, il recommence, il s’opiniâtre. Encore et encore. Jusqu’à enfin parvenir à son but… Cette proposition d’une grande sincérité s’adresse aux êtres de chair et d’os que nous sommes de façon à la fois douloureuse et tendre, méditative et humoristique. D’abord marionnette (manipulée par Klore Desbenoit), le personnage inventé par Johanny Bert finit par devenir homme à travers le propre corps du metteur en scène, qui rejoint le violoncelliste Guillaume Bongiraud, le percussionniste-pianiste Cyrille Froger et la violoniste Marion Lhoutellier sur le plateau. Plus fondamentalement métaphysique que La (nouvelle) Ronde (célébration magistralement politique de la liberté amoureuse créée en 2022), Le Spleen de l’ange nous invite à faire un pas de côté pour repenser les rêves et les cauchemars de notre vie sur Terre. Les chemins de réflexion ouverts par cette escapade onirique sont vastes et généreux. Dans l’époque furieuse qui est la nôtre, cet ange nous fait du bien. Le cran qui marque son aventure rehausse l’humanité.
Manuel Piolat Soleymat
à 20h. Durée : 1h05. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com
Également le 7 novembre 2024 au Théâtre du Pays de Morlaix, du 13 au 15 novembre au Théâtre 71 - Malakoff Scène nationale dans le cadre du Festival Ovni.
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