GUSTAVO DUDAMEL
Le chef vénézuélien est à Paris à la tête de [...]
Trois ans après un remarquable Couronnement de Poppée, l’Arcal réunit de nouveau le tandem Jérôme Correas (direction) – Christophe Rauck (mise en scène) autour d’un autre chef-d’œuvre de Monteverdi. Une splendide réussite !
Alors qu’il répétait le Couronnement de Poppée, Jérôme Correas avouait, dans La Terrasse, la « chance » que représentait sa rencontre avec Christophe Rauck : « Il sait qu’il a besoin de la musique et moi du texte, que l’un et l’autre doivent aller dans le même sens ». Trois ans plus tard, poursuivant leur réflexion et « l’enrichissant dialogue » amorcés autour du Couronnement de Poppée, ils parviennent avec Le Retour d’Ulysse à une réussite plus grande encore. Musique et théâtre sont ici intimement mêlés. Pour s’en convaincre, une scène, dès le premier acte, suffit : Pénélope se lamente, récitatif presque déclamé ; elle a la solennité d’une madone en son retable. Peu à peu, suivant la musique, la plainte se fait plus humaine, passant par les états du chant et du parlé ; Pénélope se laisse glisser à terre. Pour atteindre à une telle justesse, il faut bien sûr des chanteurs qui soient également – c’est-à-dire, ici, supérieurement – acteurs, habités par le texte autant que par la musique. C’est le cas de Blandine Folio Peres, comme de toute la distribution, à commencer par l’Ulysse de Jérôme Billy, hors du temps, hors du monde – et le plus souvent hors scène : une idée toute simple qui donne cependant tout son poids dramatique au duo final avec son épouse retrouvée.
Dévoilement des symboles
Le théâtre de Christophe Rauck ne verse jamais dans la surcharge, et ne souligne pas plus qu’il ne faut le caractère des scènes. Ce n’est pas que le décor soit minimaliste ; simplement, Christophe Rauck préfère dévoiler des symboles, qu’il rend toujours signifiants : pourquoi insister quand une couleur, une posture suffisent ? Ni en costumes d’époque, ni poussée par le démon d’une mise au goût du jour, la scénographie donne à l’œuvre sa qualité véritable : l’intemporalité. Du prologue, magnifiquement animé – et qui rend parfaitement claires pour le spectateur les allégories de la Fragilité humaine, du Temps, de la Fortune et de l’Amour – jusqu’aux retrouvailles du troisième acte, en passant par la scène des prétendants, véritable labyrinthe des passions, la mise en scène produit invention sur invention, fidèle en cela à l’esprit de la musique que Les Paladins font surgir avec passion de la fosse.
Jean-Guillaume Lebrun
Le chef vénézuélien est à Paris à la tête de [...]