Le Projet Georges

Georges a de drôles de questions. « Si l’on désire tant accéder à l’immortalité, pourquoi ne fait-on pas des arbres au lieu de faire des enfants ? ». « Et si les trous noirs provoquaient nos trous de mémoire ? ». Certains diraient sans doute qu’il a un grain. Surtout qu’il se balade avec un gros nez rouge et que son visage échappe à la symétrie. Un œil peint en blanc, l’autre cerclé de noir, Georges est un clown qui marche aussi vite que ses étranges pensées. Héros du Projet Georges conçu et interprété par la comédienne Edith Proust, il cherche un endroit. Lequel, allez savoir. Lui-même n’a pas l’air très au courant. Mais qu’importe. Au moins, sa quête le tient debout. À travers son clown errant, Edith Proust interroge « ce que nous cherchons à résoudre lorsque nous cherchons ailleurs ».

La route du clown

Les interrogations de Georges sont moins déconnectées du monde qu’il y paraît. D’ailleurs, comme pour se rappeler qu’il fait partie de cette terre, il traîne partout avec lui un arbre de deux mètres de haut sur roulettes qu’il appelle Joseph. À l’ombre duquel il médite sur les trous noirs et les fonds marins. Georges n’a vraiment rien du classique auguste. Edith Proust cherche à dépasser avec lui « les clichés et les représentations traditionnelles que l’on se fait du clown ». Elle va chercher du trouble. « Trouble du travestissement, de la joie communicative, d’une libération proche de l’impudeur, mais aussi le trouble d’une faille, d’une incision ».

Anaïs Heluin