La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Olga Eliseeva

LoDka

LoDka - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir
©Alisa Gill Les artistes du collectif Semianyki dans LoDka.

Théâtre du Chêne Noir / conception collectif Semianyki / mes Sergey Byzgu

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

En 2005, c’est au Théâtre du Chêne Noir que le public français découvrait pour la première fois La Famille Semianyki du collectif éponyme d’artistes russes. Le succès fut immense. On les retrouve cette année avec LoDka, leur nouvelle création.

Votre titre est très mystérieux pour un public français. Que signifie-t-il ?

Olga Eliseeva : Le nom de notre pièce précédente, La Famille Semianyki, était tout aussi étrange pour les spectateurs qui ne parlent pas le russe. Dans nos titres, nous voulons préserver la couleur de la langue russe. « LoDka », c’est une barque. Un petit bateau qui a besoin d’un effort humain pour avancer. Pour nous, LoDka, qui raconte la vie d’une troupe de théâtre, est une métaphore de notre vie à nous tous, où que nous vivions. Si un bateau va vers le naufrage, il faut trouver le courage de faire équipe pour ne pas échouer.

Vous présentiez La Famille Semianyki comme une création collective. Est-ce aussi le cas de LoDka ?

O.E. : Tout à fait. Dans ces deux pièces, chaque personnage est créé par le comédien qui le joue. À un certain stade du travail toutefois, nous faisons appel à un metteur en scène. La Famille Semianyki était notre travail de fin de formation pour l’obtention du diplôme de l’académie de théâtre. C’est notre ami et metteur en scène Yuri Yadrovsky qui nous a aidés à construire le spectacle. Grâce à lui, l’histoire est devenue claire, non seulement pour nous comme acteurs, mais aussi pour les spectateurs de tous les pays. Il devait également travailler avec nous sur la création de LoDka. Mais à notre grand chagrin, Yury est soudainement décédé. Après un temps de réflexion, nous avons décidé de faire appel à Sergey Byzgu, metteur en scène et acteur d’un talent comique extraordinaire. Il a accepté, et l’on peut dire que travailler avec lui fut une bénédiction.

« LoDka, qui raconte la vie d’une troupe de théâtre, est une métaphore de notre vie à nous tous. »

En France, pour décrire votre travail, on parle souvent d’un mélange de clown et de burlesque. Qu’en pensez-vous ?

O.E. : Il est très difficile de définir le genre dans lequel nous travaillons. Sans aucun doute, le point de départ est le clown. Mais nous nous basons aussi sur les traditions du théâtre russe, en apportant à nos personnages apparemment comiques une dimension tragique et dramatique. La profondeur est importante pour nous. A quel point nous y parvenons, c’est au spectateur de décider, et c’est précisément le public qui a donné la définition de notre travail : le théâtre clownesque. En ce qui concerne l’art du clown traditionnel en Russie et dans le monde, nous avons un profond respect pour les maîtres du genre que sont Youri Nikouline, Karandach, Leonid Yengibarov, Slava Polounine, James Thierrée, Pierre Etaix, Laura Herts, Paolo Nani, Charlie Chaplin et bien d’autres. Ils nous ont toujours inspirés.

Cette forme est-elle pour vous une manière distanciée de parler de la Russie ?

O.E. : Nous ne parlons pas de la Russie dans nos spectacles, mais des gens en général. De la vie, du bonheur, de l’amour, du chagrin, des sentiments, des souffrances. Nous questionnons la place de l’individu dans le monde et la découverte de soi. Parce que nous sommes tous dans le même bateau !

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

LoDka
du vendredi 6 juillet 2018 au dimanche 29 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir
8 bis, rue Sainte Catherine, Avignon

à 10h. Relâche les 9, 16 et 23 juillet. Tel : 04 90 86 58 11.

 

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