Les Echoués d’après Pascal Manoukian, mis en scène de Franck Mercadal
Franck Mercadal présente Les Echoués au Petit [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Elsa Granat
Avec sa compagnie La Décharge Mentale, Elsa Granat construit des spectacles à partir d’histoires, de moments vécus. Dans Le Massacre du Printemps, elle fait de la fin de vie de ses parents une fiction tragique.
Dans Mon amour fou (2015), votre précédente création, comme dans Le Massacre du printemps (2017), vous travaillez sur la maladie. En quoi ce sujet vous intéresse-t-il au théâtre ?
Elsa Granat : Plus encore que la maladie – mentale dans le premier cas, physique dans le second –, c’est à mon avis la figure de l’accompagnant qui relie ces deux créations. Sans doute parce qu’au-delà de la fin de vie de mes parents, point de départ du Massacre du printemps, un des rôles que j’adopte le plus souvent dans ma vie personnelle et professionnelle est celui de facilitateur. Notamment en tant qu’assistante à la mise en scène. J’aime à interroger cet endroit complexe.
Vous partez dans Le Massacre du printemps d’une histoire très intime. Comment y avez-vous intégré de la fiction ?
E.G. : Le processus d’écriture a été pensé de manière à créer un tissu serré entre réalité et fiction. Mêlant des extraits du journal que je tenais pendant la maladie de mes parents, des textes issus d’improvisations au plateau avec les comédiens et d’autres écrits par moi seule lors de la création, cette pièce est volontairement très hybride.
Le fait que trois actrices – vous-même, ainsi qu’Edith Proust et Jenny Bellay – jouent le rôle du personnage principal crée aussi un effet de distanciation. Pourquoi ce choix ?
E.G. : J’ai souhaité créer une rencontre entre des générations différentes, qui ont très rarement l’occasion de se réunir sur scène. En partie parce qu’en sortant de l’école, les jeunes artistes ont tendance à travailler avec les camarades de promotion. Après le deuil de mes parents, j’ai voulu aller vers Jenny Bellay, âgée de plus de 90 ans. J’avais envie de me déplacer dans ma pratique de jeu et de mise en scène. Je suis très heureuse de ce choix.
À Avignon, c’est la première fois que vous allez rejouer Le Massacre du printemps depuis sa création en 2017. Y verra-t-on la même pièce qu’à l’époque ?
E.G. : Pour notre venue à Avignon, la pièce a été recréée à l’aune de ce que nous sommes devenues. Au moment de la création, j’étais enceinte. Mon enfant a maintenant deux ans, et grandit dans l’absence de ses grands-parents. Cela ouvre en moi des sentiments nouveaux que je souhaite explorer, avec le même mélange de tragique et d’humour.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
les jours pairs à 11h50. Tel : 04 90 82 39 06. www.theatredutrainbleu.fr
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