Avignon / 2019 - Entretien / Faustin Linyekula
Histoire(s) du théâtre II de Faustin Linyekula
Entretien Faustin Linyekula
Cour minérale – Université d’Avignon / conception et mes Faustin Linyekula
Publié le 23 juin 2019 - N° 278
Le danseur, chorégraphe, metteur en scène et raconteur d’histoires Faustin Linyekula crée le second volet de la série Histoire(s) du théâtre, initiée l’an dernier par le directeur du NT Gent Milo Rau avec La Reprise. Une traversée très personnelle de l’histoire de la danse africaine contemporaine.
Dans La Reprise (2018), Milo Rau questionnait à travers un tragique fait divers – le meurtre d’un jeune homosexuel à Liège, en 2012 – les possibilités du théâtre face au réel. Pourquoi avoir décidé d’en prendre la suite ?
Faustin Linyekula : J’ai choisi de m’inscrire dans la continuité de La Reprise car elle témoigne d’une vision du théâtre que je partage. Comme l’indique le pluriel de Histoire(s) du théâtre, titre qui fait référence à Jean-Luc Godard, Milo Rau croit dans la pluralité des regards sur le théâtre, et dans la diversité des approches. Cela fait sens pour moi qui suis né au Congo, où les artistes locaux ont toujours été rejetés à la marge par les artistes occidentaux.
Le NT Gent, qui produit votre création, vous a-t-il imposé des cadres thématiques ? formels ?
F.L. : Le NT Gent m’a donné carte blanche. J’ai décidé de partir de mes premiers souvenirs de spectacles pour construire une réflexion sur l’histoire de la danse contemporaine au Congo. Je commence donc par évoquer ma fascination d’enfant devant les spectacles du Ballet national du Zaïre diffusés à la télévision, pour donner ensuite la parole à d’autres artistes.
« J’aime à rassembler différents types d’expressions pour raconter des histoires du Congo. »
En quoi l’expérience des ballets nationaux a-t-elle été importante dans l’histoire qui vous intéresse ?
F.L. : Après l’indépendance, la création de ballets nationaux dans plusieurs pays d’Afrique participe d’un désir de construction d’identités nationales. Après la Guinée et le Sénégal, le Zaïre se dote d’un ballet national en 1974, année aussi du premier combat de boxe organisé en Afrique, entre Mohamed Ali et George Foreman. Je trouve fascinant que la danse devienne un laboratoire politique. Même si l’expérience n’a pas duré…
Vous partagez la scène avec trois musiciens et danseurs du ballet national ainsi qu’avec un compagnon de longue date, Papy Maurice Mbwiti, et avec Oscar van Rompay de la troupe du NT Gent. Pourquoi ?
F.L. : La scène est pour moi un espace d’écoute, de partage de l’imaginaire et du sensible. Arrivé à la danse par le théâtre, et au théâtre par l’écriture, j’aime à rassembler différents types d’expressions pour raconter des histoires du Congo. Pour dire la complexité de mon être, qui est autant imprégné de mythes que de cultures urbaines, de la poésie de la négritude que de littérature contemporaine.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
A propos de l'événement
Histoire(s) du théâtre II de Faustin Linyekuladu jeudi 18 juillet 2019 au mardi 23 juillet 2019
Festival d’Avignon. Cour minérale – Université d’Avignon
74 Rue Louis Pasteur, 84029 Avignon
à 22h, relâche le 21. Durée estimée : 1h50. Tél : 04 90 14 14 14.