Le Malade imaginaire de Molière mes Daniel Auteuil
Théâtre de Paris – Salle Réjane / de Molière / mes Daniel Auteuil
Publié le 19 décembre 2018 - N° 272Daniel Auteuil interprète le rôle d’Argan, l’hypocondriaque le plus fameux du théâtre, dans une mise en scène du Malade imaginaire dont il célèbre, à pleins poumons, la force et le génie comiques.
« Le poumon, le poumon, vous dis-je. » : la réplique de Toinette, qui cherche à réconcilier son maître avec le plaisir d’un régime fait « de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande, du gruau et du riz, et des marrons et des oublies » est, à l’instar de bien des saillies drolatiques du Malade imaginaire, une des plus célèbres du théâtre français. En choisissant de mettre en scène cette pièce, Daniel Auteuil s’attaque donc à un monument comique. Mais personne n’ignore que cette pièce est aussi la dernière du maître, celle qui le vit mourir sur scène, et qu’elle ausculte la manière dont les hommes affrontent le mystère de la mort, selon qu’ils en redoutent l’annonce ou s’en moquent allègrement. Molière avait choisi son camp : mieux vaut laisser faire la nature en toute chose et se montrer extrêmement méfiant à l’égard de la médecine, puisque, comme le remarque Béralde, « les ressorts de notre machine sont des mystères ».
Force salvatrice de la farce
A notre époque où vieillir est un fléau et où les modernes Diafoirus inventent les onguents inutiles et les pastilles miraculeuses qui bernent les naïfs et enrichissent leurs gourous, la satire médicale retrouve sa verve et son efficace ironie. Elle alimente une réflexion bienvenue sur l’imposture et l’erreur, et ravive la réflexion sur les délires de l’imagination, toujours encline à inventer des raisons de craindre la mort alors que le bon sens recommanderait plutôt de bien vivre tant qu’il en est encore temps. Argan est sans doute fort malade, comme le sont nos contemporains qui passent leur vie à craindre la maladie… En choisissant d’en rire, comme Molière en son temps, Daniel Auteuil remarque l’actualité de cette farce salutaire et choisit d’en ciseler les effets comiques : « tout en abordant ce grand sujet auquel on peut trouver de nombreux échos, la pièce est formidablement comique ». Entouré d’une troupe aguerrie, il interprète Argan, soit Molière lui-même, pour rappeler que le rire est bonne médecine et le théâtre excellente thérapie…
Catherine Robert
A propos de l'événement
Le Malade imaginaire de Molière mes Daniel Auteuildu vendredi 25 janvier 2019 au samedi 25 mai 2019
Théâtre de Paris - Salle Réjane
15, rue Blanche, 75009 Paris
Du mercredi au samedi à 20h30, samedi à 17h, dimanche à 15h30. Tél. : 01 48 74 25 37.