Feu
Il y a le feu, semblent nous dire Bérengère [...]
Avignon / 2018 - Entretien / Georges Lavaudant
Ils se sont connus à Grenoble, au début des années 1970. Quelques décennies plus tard, Georges Lavaudant et Jean-François Derec se retrouvent. Ensemble, ils créent Le Jour où j’ai appris que j’étais juif, seul-en-scène autobiographique adapté du roman du même titre écrit par le comédien.
Quelle relation vous lie à Jean-François Derec ?
Georges Lavaudant : J’ai connu Jean-François à Grenoble, dans les années 70. Nous faisions partie de la même troupe de théâtre, le Théâtre Partisan. Nous avons fait plusieurs spectacles ensemble, avec Ariel Garcia-Valdès, en particulier un trio de clowns que nous jouions pour les comités d’entreprises et les MJC. C’était aussi l’époque des créations collectives. Nous avons joué dans le Off une pièce intitulée Les Tueurs, d’après une nouvelle d’Hemingway, dans laquelle Jean-François interprétait un gangster. Il est ensuite parti tenter sa chance à Paris.
Au-delà de ces souvenirs, qu’est-ce qui vous intéresse chez ce comédien ?
G. L. : À vrai dire, je l’ai surtout connu à cette période-là. C’est seulement maintenant, 40 ans après, que je le retrouve et le redécouvre. Donc dans le fond, pour moi, c’est comme un nouveau comédien avec lequel je travaille, ce qui est très bien. J’étais bien sûr au courant de ses one-man-shows et de ses interventions à la télévision, mais je suivais cela de très loin.
« J’ai essayé, avec son accord, de sortir Jean-François Derec de son personnage de one-man-show, de suivre son désir, de l’emmener ailleurs. »
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris lorsque vous avez découvert Le Jour ou j’ai appris que j’étais juif ?
G. L. : Ma première surprise a été de découvrir que Jean-François était juif, parce qu’à l’époque, à Grenoble, nous parlions de révolution, de communisme, plutôt que de religion ou de communautarisme. Jean-François a une manière à la fois touchante et humoristique de nous faire partager sa découverte. Il le fait avec beaucoup de pudeur et un style qui lui est particulier.
Sur quelles lignes repose votre mise en scène ?
G. L. : J’ai voulu respecter le ton du livre, relativement léger et humoristique. Jean-François a une certaine distance par rapport à la découverte de son identité. C’est très beau, cette distance qu’il met vis-à-vis de lui-même et de son histoire. En même temps, j’ai essayé, avec son accord, de le sortir de son personnage de one-man-show, de suivre son désir, de l’emmener ailleurs. C’est un acteur très discipliné, qui est en demande d’un autre style de jeu. Il a une volonté ludique de se remettre en question. Mais, bien sûr, sans rien abdiquer de sa personnalité.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 18h45. Relâche les 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 90 86 74 87.
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