24h de la vie d’une femme sensible
Eva Byele rend hommage à l’écrivaine méconnue [...]
Dans Si loin si proche, Abdelwaheb Sefsaf dresse un portrait très personnel de la génération d’immigrés maghrébins arrivés en France dans les années 60. Entre conte et concert.
« Après Médina mérika (2015), libre adaptation de Mon nom est rouge d’Orhan Pamuk, et Murs (2016), consacré à la notion de frontière, j’ai d’abord voulu parler des migrants. Je sortais d’un travail avec des demandeurs d’asile, et il me semblait urgent d’aborder ce sujet. Dans l’écriture, j’ai eu envie de faire un parallèle avec l’histoire de mes parents, qui a finalement pris toute la place. Le Théâtre de la Croix Rousse à Lyon, chez qui j’avais déjà créé mes deux spectacles précédents, m’a donné carte blanche. Moi qui ai jusque-là porté une parole très collective, le choix de parler à la première personne m’a beaucoup interrogé. Pour ne pas dire angoissé. Mais j’ai très vite eu la sensation de le faire autant pour moi que pour les autres. Dans Si loin si proche, j’ai en effet voulu questionner le parcours d’une partie de la population française : les Maghrébins arrivés en France dans les années 50-60 ainsi que leurs enfants.
Drôle de retour au pays
Récit épique d’un voyage en famille en Algérie, à l’occasion du mariage de mon frère, cette pièce dit l’impossibilité du retour au pays après plusieurs décennies passées en France. Une blessure jamais formulée dans les familles, que j’ai voulu exprimer avec humour afin de garder une certaine distance par rapport à l’intime. Ma parole est ainsi très proche de celle d’un conteur. Beaucoup plus que dans mes créations précédentes. Dans cette pièce, où je retrouve mon complice le musicien Georges Baux et Nestor Kéa, j’assume aussi de manière très décomplexée la rencontre entre ma culture musicale héritée de l’enfance, où j’écoutais la musique arabe de mes parents, et celle de mon adolescence, période où je découvre la musique européenne, où je me prends de passion pour le rock. Je m’autorise aussi à replonger dans le raï des années 80. J’ai la sensation d’avoir ouvert avec ce spectacle une boîte de Pandore, que j’ai très envie de continuer d’explorer. »
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 16h10. Relâche les 11 et 18 juillet. Tel : 04 90 89 82 63.
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