Le Festival « Excentriques », édition 2024, une programmation qui provoque l’enthousiasme

L’enthousiasme que suscite ce rendez-vous est teinté du goût de la découverte mais aussi des retrouvailles ! Sous-titrée Danses Vibrantes, cette 4^e édition des Excentriques réunit en effet des forces telluriques que concentrent un grand nombre de danseuses : une puissance à découvrir chez les deux chorégraphes grecques invitées, qui posent chacune à leur façon la question de la possession. En solo chez Chara Kotsali, elle convoque en son corps une multiplicité de voix surgies du passé ou du futur. En trio chez Xenia Koghilaki, dans l’énergie brute et rageuse puisée dans les rituels de foule des concerts rock. Quant à l’Autrichienne Teresa Vittucci, elle n’a tout simplement pas peur d’inviter Satan, dans une relecture de la figure du Mal qui démonte le mythe à l’aune de ses questionnements queer et féministes. La démarche de Mounia Nassangar, grande figure du Waacking, n’est pas étrangère à cela : les cinq danseuses de S.T U.C.K. reprennent cette danse de l’urgence, née de l’expression de minorités, dans un geste de résilience.

11 équipes artistiques accueillies

Ad Libitum de Simon Le Borgne, sous les frappes d’Ulysse Zangs à la batterie, s’inscrit aussi dans cette énergie, aussi terrienne que chamanique. En proximité avec le public, il entame une danse de la mue, dans l’idée de se vider de sa substance mais aussi de se remplir. Côté retrouvailles, les Excentriques nous offrent deux projets de deux femmes chorégraphes qu’il est toujours essentiel de côtoyer. D’abord Dominique Brun, en clin d’œil dans sa petite pastille intitulée La Belle Excentrique, autour de la danseuse des années 20 Caryathis et de la suite de danse que lui composa Satie. Ensuite Geisha Fontaine, qui crée avec Pierre Cottreau Ne faites pas la moue, premier opus d’une série de cinq autour de la danse et de la philosophie. Avec beaucoup d’humour, ils nous laissent en compagnie de Parménide, Héraclite, Démocrite, Lucien de Samosate, Giordano Bruno, Spinoza, Nietzsche, Lévinas, Deleuze, Rosset…  sur une passerelle cocasse entre corps et esprit.

Nathalie Yokel