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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2024 - Tribune

Édito Festival d’Avignon : Votons et allons au théâtre applaudir les artistes !

Édito Festival d’Avignon : Votons et allons au théâtre applaudir les artistes ! - Critique sortie Avignon / 2024 Avignon
Festival d'Avignon - Alexandre Quentin

ÉDITO

Publié le 21 juin 2024 - N° 323

Votons, préservons la démocratie, allons au théâtre applaudir les artistes.

Deux scrutins électoraux majeurs en plein Festival d’Avignon, ce n’est pas banal… Les 30 juin et 7 juillet, votons et allons au théâtre applaudir les artistes, en espérant que la démocratie ne soit pas, suite à une ahurissante décision présidentielle, dissoute par le verdict des urnes. Ce que signifie le Rassemblement National, ce n’est pas la sécurité, ou davantage de pouvoir d’achat, mais bien le rétrécissement de la pensée et des libertés, l’exacerbation du racisme et de l’intolérance, l’affaiblissement drastique de la culture, de l’écologie, de l’Europe, de l’économie… Face à cette menace qui concerne l’ensemble de la population, l’unité s’impose autour de valeurs démocratiques, qui sont à l’opposé du culte du chef qui caractérise les dictatures, à l’opposé d’un toxique brouillage des repères, à l’opposé du mépris de l’altérité et de la vulnérabilité. Refusons d’où qu’ils viennent ces dérives antisémites et errements haineux qui n’ont rien de résiduel (comme le prétend une mouvance politique toxique), et rendent inepte la prétention à agir pour l’égalité, la fraternité et la paix. Alors que le politique est abîmé, souvenons-nous de figures inspirantes par leur intelligence, leur droiture et leur clarté, tel Jean Zay, vent debout contre les ligues fascistes, pour le bien commun, l’éducation et la culture. Espérons qu’en ces temps difficiles d’authentiques démocrates l’emportent, durablement. Préservons le désir de beauté, de partage.

Formidable creuset de vitalité artistique, le Festival déploie des gestes esthétiques de tous horizons, répond aux exigences de démocratisation et décentralisation culturelles qui l’ont fondé. Après l’anglais l’an dernier, la langue invitée par le Festival d’Avignon est l’espagnol, promettant d’inédites découvertes. Si l’époque fait émerger des thématiques dont s’empare le théâtre – l’écologie, le féminisme, les combats des minorités… –, le meilleur de l’art les dépasse : le spectacle alors fait vibrer les contradictions humaines, laisse affleurer l’invisible. À l’inverse de sillons tracés à l’avance, l’art interroge, émerveille, étonne. C’est bien une telle ouverture et un tel épanouissement que prôna et mit en œuvre le jeune Jean Zay, fervent défenseur d’une culture et de savoirs émancipateurs, remarquable ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts nommé par Léon Blum en juin 1936, assassiné par la milice de Vichy huit ans plus tard. « La liberté n’est pas qu’un bien ; la liberté est difficile, elle est parfois malheur, elle est la vie. », écrit Vassili Grossman dans Vie et destin. Nous verrons comment cette difficile liberté s’exercera dans les mois qui viennent…

Notre journal Avignon en Scène(s) 2024 présente environ 300 projets : l’intégralité de la programmation du In, qui a lieu du 29 juin au 21 juillet,  et une sélection de celle du Off, qui se déploie du 3 au 21 juillet (et pour 24% des spectacles du 29 juin au 21 juillet). Tout au long du Festival, retrouvez nos critiques sur notre site, sur les réseaux sociaux et dans nos newsletters.

 

Bonne lecture et bon festival !

 

Agnès Santi

A propos de l'événement


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