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Le clown Ludor Citrik met en jeu le fantasme [...]
Monika Gintersdorfer et Knut Klassen ont conçu une série de spectacles braquant les projecteurs sur le coupé-décalé, genre performatif de la nuit ivoirienne.
Monnika Gintersdorfer habitait Hambourg quand elle a découvert que les boîtes de nuit de la communauté africaine produisaient non seulement des D.J mais aussi des artistes ivoiriens. Il pourrait paraître étonnant que ses spectacles qui mettent à l’honneur le coupé-décalé, – « une musique, une manière de danser mais aussi un style de vie », précise Monika -, viennent d’Outre-rhin alors que la communauté ivoirienne y est si peu nombreuse. Autre paradoxe : Monika Gintersdorfer a longtemps travaillé pour le théâtre allemand d’Etat. « Ça m’a impressionnée ce courage artistique de créer quelque chose qui soit uniquement à eux. Je voulais signer un show comme ça ». Monika part donc en Côte d’Ivoire sous le charme de cet art qui allie improvisation, éloquence et une grande liberté de création. « Le coupé–décalé est un mouvement jeune, né il y a dix ans, en réaction à cette période de violences civiles qui s’ouvrait. Dans les boîtes d’Abidjan, tous se retrouvaient autour de ce style capable de dire le monde. Peu importait l’ethnie, l’origine, la religion, le camp, pro Gbagbo ou pro Ouattara. Ils dansaient tout en parlant du quotidien. Eux aussi se donnaient des titres. Mais quand on était Président, c’était Président de la joie. Une manière de dire : on s’en fout de tout ça ».
Préserver l’improvisation
Est née une série de spectacles qui ont très peu tourné en France. « On a joué dans beaucoup de pays européens, mais très peu en France, alors que ce sont des sujets qui intéressent ce pays de près. ». Figure du coupé-décalé, le danseur et chorégraphe ivoirien Franck Edmond Yao alias Gadoukou la Star s’y produit à chaque fois. Avec Monika Gintersdorfer, Knut Klassen conçoit sa scénographie en toute indépendance. Ces spectacles, qui veulent préserver l’improvisation à l’œuvre dans le coupé-décalé, s’élaborent sous une forme différente à chaque représentation et charrient avec eux l’actualité ivoirienne de ces dernières années, le monde joyeux du show-bizz ivoirien, les dimensions économiques à l’œuvre dans la création ivoirienne et une analyse d’un phénomène où l’éloquence du chant et de la danse interrogent aussi les rapports entre l’Afrique et l’Occident.
Eric Demey
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