La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Bleu du ciel

Le Bleu du ciel - Critique sortie Théâtre
Anne Alvaro et Julie Pouillon perdues dans leur abandon céleste.

Publié le 10 février 2008

Sade, Georges Bataille et Bernard Noël conviés sur la scène poétique grâce à Anne Alvaro et Julie Pouillon, pour un rituel un peu trop sentencieux.

Écouter une parole érotique – Sade, Bataille, Bernard Noël …- qui relève de l’amour physique, du désir et des plaisirs sexuels pourrait paraître incongru. Le metteur en scène et comédien Claude Guerre, directeur de la Maison de la Poésie à Paris, voit en la démarche une reconquête libertaire et poétique du répertoire des postures morales et physiques. Alors que l’érotisme est l’approbation de la vie jusqu’à la mort, la pornographie n’est qu’obscénité dans sa représentation par écrits, dessins, peintures et photos. Avec ce Bleu du ciel – titre inspiré de Bataille – la promenade scénique suit des chemins de traverse balisés, depuis quelques infimes extraits des Cent vingt journées de Sodome en passant par Le Château de Cène jusqu’à L’Enfer dit-on. Croire que la chair souillait l’esprit n’était qu’erreur puisque c’est l’inverse qui est vrai.

L’immensité vide du ciel tient lieu d’absolu qui comble l’âme.
L’homme ne peut qu’accepter sa part d’animalité, qui le met en communion avec les forces de la nature, une façon de rejoindre le regard politique de Bernard Noël : « La révolte n’a jamais réussi qu’à remplacer un pouvoir par un autre. L’érotisme fait jouer ensemble toutes nos parties. Il fait que le plaisir du sexe et le plaisir de la pensée s’appellent et se ressemblent. » L’acte de nommer est comparé aux pénétrations les plus intimes, celles qui accordent à l’être le sentiment d’existence. L’accord est parfait entre l’érotisme et la mort : l’un et l’autre se dérobent dans l’instant même de leur révélation. L’immensité vide du ciel tient lieu d’absolu qui comble l’âme. Anne Alvaro et Julie Pouillon dévident sentencieusement le fil des paradoxes érotiques. Un plateau dans la proximité des spectateurs qui observent les spirales de sable coloré, l’esquisse d’un coquillage ou d’une dialectique. Des ballerines rouges pour l’une, un panier de robe de courtisane pour l’autre ; les voix féminines, plus ou moins soumises, s’entremêlent. Un mystère que trop de vénération admirative désincarne.
Véronique Hotte


Le Bleu du ciel
Textes de Sade, Georges bataille, Bernard Noël, mise en scène de Claude Guerre, du 9 janvier au 10 février 2008, du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 17h à la Maison de la Poésie 157, rue Saint-Martin 75003 Paris Tél : 01 44 54 53 00 www.maisondelapoésieparis.com

A propos de l'événement


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