La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Petter Jacobsson

Le Ballet de Lorraine à Paris

Le Ballet de Lorraine à Paris - Critique sortie Danse Paris Théâtre national de Chaillot
Crédit : Arno Paul Légende : Petter Jacobsson, directeur du CNN Ballet de Lorraine.

Théâtre national de Chaillot / Deux programmes du CCN Ballet de Lorraine

Publié le 22 décembre 2015 - N° 239

C’est la première fois que le Ballet de Lorraine est présenté à Paris depuis que Petter Jacobsson a pris ses fonctions de directeur en 2011. Il vient avec six nouvelles productions rassemblées en deux programmes, l’un intitulé Paris/New-York/Paris, l’autre, Trois pièces.

Comment avez-vous choisi les programmes que vous présentez à Paris ?

Petter Jacobsson : Il était important de présenter la compagnie dans la diversité de notre répertoire. Notre Centre Chorégraphique National est spécifique, avec son titre de Ballet de Lorraine, ses danseurs permanents, et l’invitation faite aux chorégraphes de créer pour lui. C’était donc l’occasion de montrer notre richesse et de présenter, dans le deuxième programme, trois générations de chorégraphes français.

« Présenter la compagnie dans la diversité de notre répertoire. »

Peut-on considérer que ces deux programmes s’articulent l’un avec l’autre ?

Petter Jacobsson : D’un côté le programme New-York, Paris, New-York, est une sorte de retour sur les avant-gardes avec Relâche, Sounddance de Merce Cunningham et une création de Noé Soulier. De l’autre, Trois pièces (Monnier, Richard, Bengolea-Chaignaud) forme une sorte de raccourci de notre modernité. Selon moi, tout cela permet de comprendre ce qu’est la danse d’aujourd’hui.

Relâche, créée par Picabia, Satie et les Ballets Suédois de Rolf de Maré, jamais remontée depuis 1924, est une sorte d’événement en soi…

Petter Jacobsson : Relâche a été créé à Paris en 1924, au théâtre des Champs-Élysées, soit à une encâblure de Chaillot ! Nous apportons même un inédit : Nous avons toujours su qu’il existait plusieurs versions du film Entracte qui fait partie de la pièce. Nous avions choisi celle de 1967 coupée par René Clair. Or, nous venons de retrouver au CND de nouvelles images qui apportent une transition et font sens pour le ballet. Nous les avons incorporées !

Pensez-vous que cette pièce, influencée par Dada et par le music-hall, soit encore d’actualité aujourd’hui ?

P. J. : Ce n’est pas une œuvre divertissante mais profondément dadaïste, faite pour provoquer. Aujourd’hui, le temps a passé, quel regard peut-on porter sur cette pièce historique ? Les gens ne connaissent plus les chansons osées que Satie a utilisées, tout est plus complexe politiquement parlant. Pourtant, je crois que ces performances permettent de mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Avec la montée du Front national, il est plus indispensable que jamais de défendre la liberté artistique. C’est le message que Picabia avait délivré en son temps.

Est-il difficile de composer un répertoire qui tienne la route pour un CCN qui est aussi un ballet ?

P. J. : En tant que directeur, programmateur, artiste, il faut se questionner. Quelle est notre attente ? Est-ce d’être aimé ? Compris ? Supporté ? Dans notre époque de crise économique, cette problématique prend tout son relief. C’est pourquoi il faut garder sa liberté, un point de vue ouvert sur le monde. Il faut aussi savoir pourquoi on est séduit par une œuvre, ou par un chorégraphe, afin de ne pas suivre le courant et, finalement, programmer de manière uniforme.

Pendant votre séjour à Chaillot, vous en profitez pour faire une incursion au CND le 16 janvier avec encore d’autres programmes…

P. J. : Il s’agira d’une après-midi de rencontres et de découvertes, avec des extraits de répertoire, des classes pour les amateurs et les professionnels et une exposition de photos d’archive. Et Thomas Caley et moi danserons une pièce que nous avons créée : Access to pleasure. Je crois qu’il est nécessaire de n’être pas toujours dans la présentation théâtrale, d’investir d’autres endroits afin de toucher d’autres milieux.

 

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Le Ballet de Lorraine à Paris
du mercredi 6 janvier 2016 au samedi 16 janvier 2016
Théâtre national de Chaillot
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris, France

Paris/New-York/Paris : du 6 au 8 janvier 2016, du mercredi, vendredi à 20h30, jeudi à 19h30. Durée : 2h00. Trois Pièces : du 13 au 15 janvier 2016, mercredi, vendredi à 20h30, jeudi à 19h30. Durée 2h15. Tél. : 01 53 65 30 00. http://theatre-chaillot.fr

Au CND,  1, rue Victor Hugo, 93500 Pantin. Le 16 janvier 2016 de 14h à 18h. Tél. : 01 41 83 98 98 – reservation@cnd.fr

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