Mirabelle Rousseau reprend sa mise en scène de SCUM Rodeo de Valérie Solanas
Avec sa compagnie T.O.C., Mirabelle Rousseau [...]
La metteuse en scène Lilo Baur transporte L’Avare en Suisse, à la fin des années 1940. Centrée sur un Harpagon survolté qu’interprète Laurent Stocker, cette nouvelle production de la Comédie-Française asphyxie la pièce de Molière par une exhortation quasi permanente au rire.
Toutes et tous sont là, à l’œuvre, allant et venant sur scène, l’année de la célébration des 400 ans de la naissance de Molière. Harpagon et son égoïsme forcené, sa passion monomaniaque pour l’or et les lignes de compte. Ses deux enfants, Cléante et Elise, qui souhaiteraient aimer et épouser comme bon leur semble, pour le moins jouir de l’existence dorée promise par la classe bourgeoise à laquelle ils appartiennent. L’ensemble des domestiques, aussi, qui aspirent à travailler sereinement, sans avoir à subir les entraves d’un maître de maison dont l’avarice transperce et obscurcit chaque chose. L’entremetteuse Frosine, enfin, le seigneur Anselme et tous les autres protagonistes de L’Avare, société humaine en butte à la cupidité tyrannique d’un homme qui semble perdu en lui-même. Présents sur le plateau de la Salle Richelieu au sein d’une mise en scène de Lilo Baur, ces personnages ont aujourd’hui du mal à tenir droit, à avancer, à creuser et faire entendre toutes les richesses qui composent la pièce de Molière. Ces femmes et ces hommes ploient sous les assauts d’une force, elle aussi débordante et tyrannique : les assauts de la farce, d’appels incessants au rire qui donnent lieu à un ensemble d’outrances, de gesticulations et d’artifices.
Le primat du ridicule
Terrain de golf. Piscine. Parasol. Transat. Villa luxueuse avec vue panoramique sur les montagnes et le Lac Léman… Lilo Baur tire la comédie de Molière jusqu’à nous en situant l’intrigue de son Avare dans la Suisse opulente de l’immédiate après-guerre. On pourrait, il est vrai, parfois penser à un début de rêverie, d’onirisme loufoque, on pourrait se croire dans un film de Jacques Tati ou de Tim Burton, si davantage de mystère, d’âpreté, de poésie ou peut-être de folie venaient briser l’uniformité conventionnelle de bouffonneries érigées en système. C’est d’autant plus dommage que Laurent Stocker, lors de trop brèves parenthèses, alors qu’il quitte le registre exclusif du burlesque, parvient à imposer quelques instants de saisissement. A contre-courant du reste de la distribution, Françoise Gillard, elle, confère au rôle de Frosine une grande exigence. Mais l’ensemble de la représentation stagne, sans véritables nuances, dans une course effrénée aux éclats de rire du public. La belle langue de Molière, elle-même, ne nous parvient pas. Réduit à sa plus simple expression comique, L’Avare perd de sa profondeur et de son éclat. Ici, le ridicule prime et emporte tout sur son passage.
Manuel Piolat Soleymat
En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30. Durée de la représentation : 1h55. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr
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