Le Groënland
Monologue d'une mère fuyant son quotidien [...]
Avignon / 2017 - Entretien / Laurent Crovella
Après La Petite Trilogie en 2012, le metteur en scène Laurent Crovella crée une nouvelle pièce de Daniel Keene. L’histoire de deux êtres anonymes transformés en héros du quotidien.
Pourquoi avez-vous eu envie de revenir à l’écriture de Daniel Keene ?
Laurent Crovella : C’est en 2012, lorsque j’ai mis en scène La Petite Trilogie, que j’ai découvert L’Apprenti. Avec l’équipe, tout au long de notre travail de création, nous avons lu d’autres pièces de Daniel Keene, cherchant les résonnances, les points communs et les divergences d’un texte à l’autre. Quand Guy Pierre Couleau m’a proposé de devenir artiste associé à la Comédie de l’Est, je lui ai tout naturellement proposé de mettre en scène L’Apprenti, avec le secret espoir de partager l’émotion qui nous avait submergés lors de notre première lecture. Je crois, de plus en plus, que mon métier consiste à être un passeur d’émotions entre les auteurs et les spectateurs.
Qu’est-ce qui vous touche le plus dans ce théâtre ?
L. C. :Les personnages de Keene sont, la plupart du temps, des personnages communs. Ils n’ont rien d’extraordinaire, mais derrière le paravent de leur apparente banalité, leur profondeur se révèle. Keene réussit à transformer leur statut : ils deviennent alors des héros du quotidien.Je trouve particulièrement singulier et fascinant la façon dont il dessine ses personnages, la façon dont il met en lumière ces êtres anonymes.
Qui sont, justement, les deux êtres qui se font face dans L’Apprenti ?
L. C. :La pièce, qui se déroule sur une année, au gré des saisons, nous livre les instantanés de la relation qui se tisse entre Julien, un jeune garçon qui, trouvant que son père est trop absent, se cherche un père de substitution, et Pascal, le client d’un café que le jeune adolescent observe depuis la fenêtre de sa chambre. Les treize scènes de cette pièce se présentent comme autant de photographies témoignant d’une relation qui évolue pour repousser la frontière entre possible et impossible. Qui apprend le plus de l’autre, quel est le véritable apprenti ? Cette rencontre bouleverse les habitudes de ces deux personnages. Ils sont déplacés l’un par l’autre, l’un avec l’autre.L’Apprenti pourrait être l’histoire d’une tectonique émotionnelle et affective.
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
à 10h40. Relâche le lundi. Tél : 04 32 74 18 54.
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