La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’Androïde [HU#1]

L’Androïde [HU#1] - Critique sortie Théâtre Clichy Théâtre Rutebeuf
L'Androïde d'Aurélia Ivan. © Zig Zag Production

En tournée / conception, mes, installation Aurélia Ivan

Publié le 11 décembre 2013 - N° 215

Inspirée par Ainsi parla Zarathoustra de Nietzsche, Aurélia Ivan conçoit et met en forme une œuvre qui ne parvient pas à restituer toute la vitalité et la fulgurance de l’errance de Zarathoustra.    

L’homme est-il voué à une tragique solitude et à une implacable mécanisation de son être ? L’homme peut-il se dépasser, devenir un “surhomme“ au sens nietzschéen ? Et comment ? Déterminisme ou libre arbitre, obéissance ou subversion, le débat n’est pas neuf, et appelle à réfléchir sur la finalité de la volonté humaine (et en filigrane sur la finalité de l’art). La pensée et l’aventure du surhomme semblent inviter à une forme de sagesse et à une métamorphose de l’esprit… Premier volet d’un diptyque intitulé Homo Urbanicus, Le Crash & L’Androïde, Aurélia Ivan s’attaque courageusement à ces questions et appuie sa mise en scène sur deux axes : des extraits de Ainsi parla Zarathoustra de Nietzsche (dans la traduction de Maël Renouard), et la présence sur scène d’un androïde, d’une marionnette-robot à tête et mains humaines et au corps de métal, relié à un dispositif de commande par un cordon – cordon ombilical ou fil de marionnette. Cette sorte de “surmarionnette“ commandée par l’homme et sa technique est capable de se mouvoir, au cœur d’un travail scénique élaboré qui conjugue la scénographie, le jeu des lumières, des sons, des voix, de la vidéo et aussi le jeu ou la présence d’Aurélia Ivan et de Cantor Bourdeaux à des niveaux différents. Sorte d’antithèse du surhomme, l’androïde devrait susciter des questions et troubler le spectateur. Le texte suit ici par bribes les mouvements d’une pensée. On retrouve aussi le bestiaire nietzschéen de l’aigle ou du lion à travers la vidéo.

Combinaison disparate

Sur la scène, l’humain et la machine interagissent, corps et voix humaines se confrontent à la machine, mais il n’est pas sûr que cette interaction puisse faire jaillir l’audace d’une pensée ou soulever des questions fondamentales, car elle est diluée, éparpillée. L’accès à la pensée d’un auteur réputé difficile n’est guère facilité par cette combinaison disparate et sans réelle aspérité. Le problème de ce périple qui traverse la quête et l’errance de Zarathoustra, c’est qu’il semble trop allusif, pas suffisamment dramatisé ; il ne trouve pas vraiment d’expression scénique qui rende compte de sa réalité et de ses enjeux. Est-ce parce que l’aspect technique a été trop contraignant et trop intrusif ? Peut-être… Mais le théâtre ne peut se passer d’histoire, et si elle ne surgit que par intermittence, le spectateur doit cependant éprouver une forme de reconnaissance de ce qui se trame sur la scène. Etre ça et là admiratif ou intrigué, apprécier quelques beaux moments, cela ne suffit pas pour saisir et appréhender toute l’intensité de la quête de Zarathoustra.

Agnès Santi

A propos de l'événement

L’Androïde [HU#1]
du jeudi 14 novembre 2013 au jeudi 14 novembre 2013
Théâtre Rutebeuf


Spectacle vu au Théâtre Rutebeuf, 18 allée Léon Gambetta, 92110 Clichy. Tél : 01 47 15 98 50.
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