La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Ylajali

Ylajali - Critique sortie Théâtre Paris. Le Monfort Théâtre
Le metteur en scène et comédien Gabriel Dufay © Vladimir Vatsev

Propos recueillis / Gabriel Dufay
Le Monfort Théâtre / de Jon Fosse, d’après Knut Hamsun / mes Gabriel Dufay

Publié le 23 novembre 2013 - N° 215

Gabriel Dufay met en scène et interprète Ylajali, de Jon Fosse, aux côtés des comédiens Muranyi Kovacs et Jean-Paul Wenzel, ainsi que du pianiste Antoine Bataille. Une adaptation du roman Faim, de Knut Hamsun, que le directeur de la Compagnie Incandescence envisage comme un rêve éveillé. 

« Pour écrire Ylajali*, Fosse s’est approprié l’intrigue principale de Faim de Knut Hamsun (un jeune homme erre dans les rues, dévoré par la faim). Il a épuré le texte en effaçant tout repère spatial ou temporel, a recentré la pièce sur trois figures : le jeune homme, un vieil homme et une femme. Le titre de la pièce désigne cette femme, ainsi que le rêve, la lumière habitant le narrateur, malgré sa misère. Fosse donne au texte originel un aspect plus irréel, plus mental. Le résultat forme une œuvre hybride, un poème dramatique appartenant tout autant à Hamsun qu’à Fosse. Ces écrivains peuvent sembler écrire de façon diamétralement opposée. Mais, en fait, les deux ont pour point commun d’être des poètes qui peignent des paysages de l’âme. Ils interrogent les limites de l’être, donnent la parole à ceux qui n’ont pas forcément les mots pour s’exprimer. Ils sont tous deux norvégiens, et lyriques, chacun à sa manière. Chez Hamsun, cela se manifeste par un amour de la nature, et chez Fosse, par une propension à la litanie, à l’incantation dans la langue.

Un rêve éveillé

Fosse a créé une nouvelle façon d’écrire. Chez lui, tout est en creux, inscrit entre les mots, dans les silences et les didascalies. Il compose des partitions mystérieuses. C’est au metteur en scène et aux acteurs de remplir les blancs, de reconstituer les pièces du puzzle. Ces fantômes de l’écriture me passionnent, ainsi que la manière qu’a Fosse de tordre les repères spatio-temporels, de faire coexister vivants et morts sur la scène. Il y a, dans Ylajali, quelque chose qui m’intrigue. Je l’ai monté pour me confronter à son mystère. J’ai voulu éviter d’imposer un message ou une vision univoque : j’aime les spectacles qui rendent le spectateur acteur de ce qu’il voit. Ce texte se dessine pour moi comme un rêve éveillé. J’ai donc suivi, dans ma mise en scène, la logique du rêve. J’ai fait appel au pianiste Antoine Bataille, afin de donner au texte un contrepoint sonore et musical. Pour ce qui est de l’interprétation, j’ai voulu, avec mes partenaires, Muranyi Kovacs et Jean-Paul Wenzel, développer un jeu animal pour faire surgir l’énergie de vie à l’œuvre dans cette pièce. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Ylajali
du mardi 3 décembre 2013 au samedi 14 décembre 2013
Le Monfort Théâtre
106 rue Brancion, 75015 Paris.

Du mardi au samedi à 19h. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 56 08 33 88. Spectacle créé à L’apostrophe – Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise le 16 mai 2013.
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