Lancelot Hamelin : Entre l’écrit et l’oralité
©Crédit visuel : Jean-Julien Kraemer
Crédit visuel : Jean-Julien Kraemer
Publié le 10 novembre 2007
Lancelot Hamelin est l’auteur d’un théâtre en perpétuel questionnement sur l’autre, l’immigration, les événements liés à la guerre d’Algérie… Théâtre Ouvert présente deux de ses textes : ALTA VILLA Contrepoint et Vraiment1hommàSANGATTE.
Qu’est-ce qui, de votre point de vue, est constitutif de votre écriture ?
Lancelot Hamelin : C’est difficile à dire… Je crois que, pour moi, l’impulsion de l’écriture est née grâce aux autres, à travers l’idée du travail d’équipe, du texte à écrire pour les comédiens. Il me semble que mon écriture théâtrale est sans arrêt tendue vers le “nous”, vers le “faire ensemble” qui lie l’auteur, le metteur en scène, les acteurs, le public… Ensuite, en ce qui concerne la forme, j’ai l’impression de me situer sur le point de tension qui se joue entre l’écrit et l’oralité.
Qu’entendez-vous par là ?
L. H. : Je veux dire que la question de “ré-oraliser” l’écrit, d’éprouver l’écrit en le mettant en jeu par rapport à l’oral est une question, pour moi, importante. Cette question rejoint d’ailleurs celle, plus générale, de créer de la liberté, de ne pas se laisser enfermer dans le formalisme d’une langue figée. J’ai envie de casser les différents diktats de l’écriture, notamment en travaillant sur la mise en page, en plaçant en vis-à-vis certains passages, en réinterrogeant la notion de temporalité… Cela pour faire en sorte que l’autre se réapproprie totalement la lecture, qu’il l’envisage selon ses propres critères, qu’un metteur en scène puisse se sentir totalement libre d’utiliser mes pièces comme un matériau de collage ou de montage.
« Mes pièces posent la question du rapport à l’autre, de l’humanisme, des points communs qui peuvent unir deux êtres humains… »
Vos pièces sont traversées par la question du déracinement. Qu’est-ce qui vous lie à cette thématique ?
L. H. : C’est très énigmatique. Cette question est à la fois étrangère à mon histoire personnelle et semble me constituer. Je parle de choses que je n’ai pas vécues, mais je sens que je dois en parler parce que d’autres les ont vécues… La guerre d’Algérie, par exemple, est d’une façon ou d’une autre présente dans tous mes textes. Parce qu’il me semble tout simplement qu’il est difficile, aujourd’hui, de ne pas parler de cela. Parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse.
Au-delà de ces différents sujets, vos écrits parlent de l’autre…
L. H. : Oui, par le thème de l’immigration, du déracinement, je crois que mes pièces posent la question du rapport à l’autre, de l’humanisme, des points communs qui peuvent unir deux êtres humains… J’essaie de parler de ce que je vois, de ce que je lis, de ce que j’entends, de ce que l’on me dit. Finalement, j’invente très peu, je mets en relation, j’associe. J’aime bien l’idée qu’une pièce soit aussi faite de citations, de références, comme une sorte de bibliothèque qui ouvre sur d’autre textes. Il faut savoir dire “je”, mais je ne crois pas que l’on écrive tout seul.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
ALTA VILLA Contrepoint, de Lancelot Hamelin ; mise en scène de Mathieu Bauer. Du 9 novembre au 1er décembre 2007. Le mardi à 19h00, du mercredi au vendredi à 20h00, le samedi à 16h00 et 20h00, représentation exceptionnelle le lundi 12 novembre à 20h00. Texte édité aux éditions Théâtre Ouvert, collection Tapuscrit.
Vraiment1hommàSANGATTE, de Lancelot Hamelin ; mise en voix de Julio Bouley. Le lundi 26 novembre 2007 à 19h00. Entrée libre sur réservation.
Théâtre Ouvert, 4 bis, cité Véron, 75018 Paris. Réservations au 01 42 55 55 50.