Zaï zaï zaï zaï d’après la bande dessinée de Fabcaro mes Paul Moulin
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Après Angels in America, Aurélie Van Den Daele continue d’interroger l’histoire de la fin du XXème siècle avec L’Absence de guerre, du dramaturge britannique David Hare. Associant théâtre et vidéo, la jeune metteure en scène propose une plongée tragi-comique dans les manœuvres politiciennes d’une campagne électorale.
On assiste à la prévalence de la forme sur le fond, des ruses et des compromissions électorales sur la sincérité politique. L’Absence de guerre nous projette au début des années 1990, en Grande-Bretagne, dans le QG de campagne du Parti travailliste, qui se prépare à affronter dans les urnes le Parti conservateur. S’inspirant de faits réels, le dramaturge David Hare (né en 1947) a écrit cette fable historique en 1993, après avoir suivi la campagne du Travailliste Neil Kinnock, grand favori des élections britanniques de 1992. Contre toute attente, le candidat de gauche fut battu par son opposant conservateur. C’est cette marche vers la défaite – qui signe l’échec des éléments de langage et des stratégies de communication, qui pointe du doigt les tactiques politiciennes et les luttes intestines de partis – que met en scène Aurélie Van Den Daele au Théâtre de L’Aquarium. Jouant d’une multitude de perspectives vidéographiques, sonores et théâtrales, la jeune metteure en scène (qui nous avait enthousiasmé en 2015 avec sa version d’Angels in America*) accumule les effets.
Politique, mensonges et vidéo
Ces effets laissent percer une impression de délayage. Ballotés entre réalité du plateau et captations vidéo, les huit interprètes du spectacle (Emilie Cazenave, Grégory Corre, Grégory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Sidney Ali Mehelleb, Marie Quiquempois et Victor Veyron, filmés sur scène par Julien Dubuc) peinent à restituer l’acuité de L’Absence de guerre. Car la représentation imaginée par Aurélie Van Den Daele manque de simplicité. D’évidence. De force théâtrale. La metteure en scène encombre la pièce de David Hare de toutes sortes d’artifices, usant malhabilement des registres du champ et du hors-champ, de la confrontation entre vidéo et théâtre. C’est dommage. Car cette condamnation sans appel d’un monde politique en perte de sens pourrait donner corps à un spectacle d’une toute autre puissance. En dénonçant les mensonges, les calculs et le cynisme de responsables politiques inféodés aux sondages, aux courbes de popularité, David Hare est allé au-delà du contexte historique qui a vu naître sa pièce. Il a écrit une œuvre visionnaire, une œuvre qui se révèle, aujourd’hui comme hier, profondément contemporaine.
Manuel Piolat Soleymat
* Critique dans La Terrasse n° 238, décembre 2015.
Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 16 h. Durée de la représentation : 2h30. Tél. : 01 43 74 99 61. www.theatredelaquarium.com
Egalement le 21 mars 2019 à La Faïencerie de Creil, les 2 et 3 avril au Centre dramatique national de Montluçon, le 5 avril à Fontenay en Scènes, du 9 au 12 avril au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.
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