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Théâtre - Critique

Thom Luz s’empare de Léonce et Léna de Georg Büchner

Thom Luz s’empare de Léonce et Léna de Georg Büchner - Critique sortie Théâtre Nanterre Théâtre Nanterre-Amandiers
Léonce et Léna, revisité par Thom Luz. Crédit : Sandra Then

Théâtre Nanterre-Amandiers / d’après Georg Büchner / mes Thom Luz

Publié le 19 décembre 2018 - N° 272

Créateur d’un théâtre musical empreint d’onirisme, le metteur en scène suisse Thom Luz s’empare de Léonce et Léna de Georg Büchner. Un spectacle facétieux, fragmentaire, irrégulier, qui ne tient pas les promesses de l’ailleurs qu’il propose.

Certains titres sont trompeurs. En intitulant sa dernière création Léonce et Léna, Thom Luz nous invite à penser que ce spectacle mêlant les langues (l’allemand, le français, l’italien) et les genres (la musique, le théâtre) vise à mettre en scène la pièce de Georg Büchner. Mais ce n’est, en fait, pas vraiment le cas. Car la proposition présentée au Théâtre Nanterre-Amandiers du 17 au 20 janvier ne rend compte que de loin de la comédie en trois actes écrite par l’écrivain en 1836. Les spectatrices et spectateurs qui ne connaissent pas ce classique de la littérature dramatique allemande auront sans doute du mal, au vu de la seule représentation conçue par l’artiste suisse, à saisir les tenants et aboutissants de cette histoire d’amour entre une princesse et un prince – jeunes gens qui, s’élevant contre les projets de mariage de leurs pères (qui prévoient de les unir sans qu’ils ne se soient jamais vus), s’enfuient de leurs palais respectifs, font connaissance au hasard d’une nuit et tombent, sur le champ, amoureux l’un de l’autre… La création entre musique et théâtre présentée par Thom Luz s’adosse à cette trame sans réellement la traiter, préférant développer des ornements oniriques et burlesques qui parfois séduisent, parfois tirent en longueur.

Un sentiment de manque

Dans cette proposition, la musique (qui s’apparente à un véritable personnage) n’a pas vocation à venir accompagner ou illustrer quoi que ce soit, mais à instaurer un rapport particulier au temps et à l’imaginaire, à ouvrir une porte sur des territoires inconnus à explorer. A la façon d’un puzzle théâtral, cette vision éclatée et fragmentaire de Léonce et Léna s’attache ainsi davantage aux climats et aux motifs poético-humoristiques qu’à la substance dramaturgique de la pièce. Ce parti pris pourrait bien sûr, en d’autres circonstances, donner lieu à des tableaux captivants qui, dépassant le texte de Büchner, ne laisseraient pas naître le sentiment de manque qui ici nous tenaille. Mais les tableaux élaborés par Thom Luz (qui signe également la scénographie, la direction musicale est de Mathias Weibel) se succèdent comme une suite de scènes inégales qui donnent trop souvent l’impression d’exercices de style et de stéréotypes. L’ensemble manque d’évidence, de puissance, d’ampleur. L’ailleurs qui semble vouloir surgir à la faveur de cette version de Léonce et Léna ne nous parvient que par brefs sursauts.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Thom Luz s’empare de Léonce et Léna de Georg Büchner
du jeudi 17 janvier 2019 au dimanche 20 janvier 2019
Théâtre Nanterre-Amandiers
7 avenue Pablo-Picasso, 92000 Nanterre

Les 17 et 18 janvier à 20h30, le 19 janvier à 18h, le 20 janvier à 16h. Durée de la représentation : 1h30. Spectacle multilingue surtitré en français, vu le 28 novembre 2018 au Maillon, à Strasbourg. Tél. : 01 46 14 70 00. www.nanterre-amandiers.com.

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