La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Ruine, un solo d’Erwan Ha Kyoon Larcher

Ruine, un solo d’Erwan Ha Kyoon Larcher - Critique sortie Théâtre Paris LE 104-Paris
© Erwan Ha Kyoon Larcher ruine

Le Centquatre-Paris et Le Monfort / Conception Erwan Ha Kyoon Larcher

Publié le 19 décembre 2018 - N° 272

Après une entrée remarquée dans les arts de la piste avec le collectif Ivan Mosjoukine et de nombreuses expériences auprès de metteurs en scène, chorégraphes et musiciens, Erwan Ha Kyoon Larcher signe son premier solo. Un autoportrait à la croisée des disciplines.

Après De Nos Jours [Notes On The Circus] (2012), l’unique création d’Ivan Mosjoukine, le collectif que vous avez co-fondé se dissout. Quelle direction prenez-vous alors ?

Erwan Ha Kyoon Larcher : Après la passionnante expérience du collectif, j’ai senti le besoin de me retrouver seul. De me replonger dans des questionnements et des pratiques que j’avais mis entre parenthèses pour me consacrer au spectacle qui a beaucoup tourné. Avant et même pendant ma formation au Centre National des Arts du Cirque (CNAC), où j’ai fait une année de Conservatoire, j’ai toujours aimé exercer différentes disciplines. J’ai donc été interprète pour des artistes très divers, comme Christophe Honoré (Métamorphoses et Fin de l’Histoire), Cédric Orain (D comme Deleuze), Philippe Quesne (La Nuit des Taupes) ou encore Clédat et Petitpierre (Ermitologie). Avec déjà l’idée d’un solo.

Intitulé Ruine, ce solo est interdisciplinaire. Faut-il y voir une synthèse de vos différentes expériences ?

E.H.K.L. : Cette création est en effet très personnelle. Je la vois comme un autoportrait, même si j’évite d’y parler de moi de manière directe, à la première personne. J’ai écrit Ruine pour répondre au désir de mettre à plat mon parcours, ma vie, mais avec l’objectif d’aller plus loin. De m’ouvrir aux autres.

« Pour mieux reconstruire, il faut parfois détruire »

Vous qualifiez votre pièce d’« opéra en solitaire ». Faut-il y voir le prolongement de votre projet musical Tout Est Beau, où vous êtes homme-orchestre ?

E.H.K.L. : C’est plutôt une expression. La musique, dans Ruine, n’est qu’un des nombreux moyens que j’utilise pour dire ma croyance dans le fait que pour mieux reconstruire, il faut parfois détruire. Plutôt que de numéros, ma pièce est composée d’actes physiques divers, où je cherche à aller vers le geste le plus épuré possible. Cela afin d’atteindre à une certaine force symbolique.

Vos actes physiques, dont on ne dira rien, sont reliés entre eux par un objet qui concentre une partie de cette force symbolique. Lequel ?

E.H.K.L. : Au centre de la piste, j’ai en effet placé une sorte de carapace de tortue géante, qui est à la fois une cible et un oracle. Cela en référence au Yi-King – ou Livre des mutations -, texte chinois ancestral dont le fonctionnement ludique et divinatoire m’a beaucoup inspiré pour l’écriture du spectacle. Au centre de tous mes actes, elle représente en quelque sorte ma personnalité multiple. Elle dit aussi l’importance de la lenteur à une époque où l’on cherche toujours à aller plus vite. Au détriment de la pensée et de la création.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Ruine, un solo d’Erwan Ha Kyoon Larcher
du samedi 19 janvier 2019 au samedi 2 février 2019
LE 104-Paris
5 rue Curial, 75019 Paris

du mardi au samedi à 20h30. Tel : 01 53 35 50 00. www.104.fr. Également au Monfort du 13 au 23 mars 2019.

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