« Winterreise » de Schubert mis en scène par Deborah Warner
Deborah Warner met en scène le ténor Ian [...]
La nouvelle production de La Walkyrie de Calixto Bieito est sauvée par une réalisation musicale de premier plan qui met en avant plusieurs grandes voix de la nouvelle génération wagnérienne.
Après L’Or du Rhin, la question était de savoir si les pistes esquissées allaient gagner en cohérence dans la suite de la Tétralogie wagnérienne mise en scène par Calixto Bieito. A l’évidence, La Walkyrie y apporte une réponse négative. Sur la lourde scénographie métallique de Rebecca Ringst sont projetées des vidéosurveillances en infrarouge pendant la tempête ouvrant l’opéra. La forêt hostile dans laquelle erre Siegmund devient un environnement post-apocalyptique où on ne se déplace qu’en bottes, masque et lourde capote militaire de protection préparés par Ingo Krügler. Le spectacle est marquée par quelques idées fortes plus ou moins pertinentes, que le metteur en scène ne se donne guère la peine de développer, encore moins de traduire dans une direction d’acteurs. La confrontation entre Fricka et Wotan dans un data center qui semble aussi servir de salle d’archives à la Walhalla corporation ne manque pas de relief, de même que l’apparition de Brünnhilde à Siegmund dans une sorte de studio d’enregistrement onirique, ou encore la fuite de la Walkyrie, un temps protégée par ses sœurs. Mais des raccourcis et des maladresses frisent parfois le contresens, comme lorsque Wotan tue directement le Wälsung avec l’épée, sans le secours de sa lance, laissant l’intervention de Hunding en déshérence. A l’image de la lecture proposée, la mise sous sommeil de Brünnhilde, au milieu de fumigènes avec une métope de masques à gaz à l’avant-scène, est traitée de manière brouillonne.
Stanislas de Barbeyrac, un Siegmund à l’héroïsme lumineux
Dans le rôle-titre, Tamara Wilson a trouvé un emploi à sa mesure, où la présence et la puissance ne sacrifient jamais la nuance. En Siegmund, Stanislas de Barbeyrac se distingue également par un héroïsme qui n’oublie pas la vulnérabilité du personnage. Le lyrisme lumineux qu’il déploie dans le duo de la nuit de printemps au premier acte, avec la Sieglinde d’une impeccable précision vocale et expressive d’Elza van den Heever, ne cède pas à la démonstration gratuite – en témoigne la juste plénitude des célèbres cris « Wälse ». La Fricka implacable d’Ève-Maud Hubeaux en impose jusqu’au Wotan de Christopher Maltman, remplaçant Iain Paterson, et qui affirme une humanité intéressante dans les adieux à sa fille préférée. Le robuste Hunding de Günther Groissböck et les huit autres Walkyries complètent une distribution vocale qui, avec la direction musicale de Pablo Heras-Casado, attentive aux couleurs de la partition quoique d’une intensité dramatique inégale, alternant éclairages inouïs et saveurs plus placides, sauve cette nouvelle production wagnérienne de l’Opéra de Paris.
Gilles Charlassier
à 18h30, le 30 novembre à 14 heures. Durée : 5 heures avec 2 entractes. Tél. : 08 92 89 90 90.
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