La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, mise en scène de Claudia Stavisky

Est-ce vraiment un hasard si La Vie de Galilée, pièce de Brecht pourtant rarement donnée en France, se joue concomitamment dans deux versions différentes ? Ne serait-ce pas plutôt que les questions qu’elle soulève – nouvel ordre du monde, liberté de la pensée, relations avec le pouvoir politique et religieux… – résonnent particulièrement dans notre société en prise avec l’obscurantisme ? Déjà en 1945, Hiroshima conduisit Brecht à corriger le monologue final de Galilée par rapport au texte originel de 1938. Loin du héros de la première version, Galilée s’accuse d’avoir trahi la science en pensant qu’elle pouvait vivre en vase clos. Pour Claudia Stavisky, la pièce n’oppose pas le pouvoir qui aurait tort et Galilée qui aurait raison : « Le problème est plutôt ce qu’il faut rendre public (ou pas) et ce que cela va changer. Si la Terre n’est plus le centre de l’univers, si les planètes sont en éternel mouvement, où est Dieu ? Quelle est la place de l’Église ? Quel monde, quelle société peut-on reconstruire à partir d’un tel bouleversement ? »

Souvenir de Vitez et rencontre avec Torreton

Alors que la pièce hante depuis longtemps Claudia Stavisky, depuis sa découverte de la mise en scène d’Antoine Vitez à la Comédie-Française dans les années 1990, c’est la conviction d’avoir trouvé en la personne de Philippe Torreton l’interprète idéal qui l’a poussée à la mettre en scène aujourd’hui. Un interprète à la mesure du personnage complexe et multiple que représente Galilée, tout autant homme de raison que de plaisirs. Dire que dans la mise en scène de Vitez, Philippe Torreton était déjà sur scène… il jouait alors le Petit Moine !

Isabelle Stibbe