La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La nébuleuse vie de José Miranda

La nébuleuse vie de José Miranda - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Bellamy Légende photo : Adel Hakim et Oscar Castro au procès de notre époque.

Publié le 10 décembre 2009

Les guérilleros du Théâtre Aleph et leur compañero Adel Hakim se retrouvent dans une pièce délirante, drôle et caustique qui sous couvert d’un procès théâtral, met l’époque en accusation…

Comme toujours quand on passe la porte du Théâtre Aleph, on pénètre dans un monde incroyable, atypique, qui a tout d’un phalanstère bricolé où Oscar Castro déambule en robe de chambre et accueille chaque spectateur de son inimitable faconde, où le chat et la sublime Sylvie Miqueu circulent entre les coussins, où l’alcool et la nourriture sud-américaine émoustillent les esprits et les papilles, où les murs sont recouverts de maximes capitales, où tout est cadeau, faste fraternel et camarade parce que, comme le dit le taulier des lieux « ça, c’est une joie que les maîtres du monde ne connaîtront jamais » ! Le Théâtre Aleph continue donc sa résistance joyeuse et déconnante, grondante d’une colère mâtinée de tendresse et fabrique des spectacles artisanaux, à la fois dingues et désopilants, foutraques et révolutionnaires. Pour ce nouvel opus, « une tragi-comédie pirandellienne », Adel Hakim rejoint ses compagnons du Théâtre Aleph pour narrer les aventures métropolitaines du malheureux José Miranda…
 
Une farce plaisante pour endiguer le marasme
 
Enfermé sur les quais de la station Assemblée-Nationale, le dramaturge José Miranda – Oscar Castro tel qu’en lui-même – papote avec son ami Adel Hakim. Mais c’est le diable qui a pris l’apparence de ce dernier et Miranda comprend alors qu’il est convoqué à une espèce d’anticipation du Jugement dernier où comparait avant lui Mère Teresa, appelée à rendre des comptes sur ses doutes quand à la réalité de la vie éternelle. Veste en skaï serpentin sur le dos, micro à la main et girls sulfureuses en assistantes, Adel Hakim campe en liberté un diable iconoclaste et érotomane qui pousse le pauvre Miranda à avouer ses crimes. Quels sont-ils et quels sont les griefs de la société contre Castro et son amour forcené du théâtre ? Croire aux vertus politiques et émancipatrices de cet art, croire en l’homme, en l’espoir, en la liberté et la fraternité. Et chose étonnante et un peu grinçante pour une fois, un soupçon d’amertume et de désillusion perce dans le texte d’Oscar Castro, peut-être parce que l’époque et la société ne croient justement plus en ces valeurs… Castro est un rêveur mais il est aussi lucide : il dit ses inquiétudes politiques mais continue à œuvrer, sa pratique d’un théâtre communautaire pour tous le retenant sur les pentes du cynisme et du désenchantement. Pour tout ça, mais aussi pour rire à cette farce jubilatoire rondement menée, nécessité il y a à découvrir ou redécouvrir le maquis du Théâtre Aleph !
 
Catherine Robert


La nébuleuse vie de José Miranda, d’Oscar Castro ; mise en scène d’Adel Hakim. Du 19 novembre au 20 décembre 2009. Du jeudi au samedi à 20h30 et le dimanche à 18h ; relâche le 17 décembre. Théâtre Aleph, 30, rue Christophe-Colomb, 94200 Ivry-sur-Seine. Réservations au 01 46 70 56 85 / 06 08 58 80 29.

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