« L’Oiseau de Prométhée », fable ambitieuse qui signe le retour à la scène de la cie Les Anges au Plafond
Il y a quelque chose de pourri au royaume de [...]
La metteure en scène Paula Giusti présente dans Luz une adaptation du roman Luz ou le temps sauvage de l’autrice argentine Elsa Osorio. Qu’une jeune femme sonde le mystère entourant ses origines, et c’est tout un pan de l’héritage de la dictature militaire argentine qui est graduellement révélé au public.
On les appelle les desaparecidos : les opposants politiques qui ont fait l’objet de disparitions forcées à partir de 1976 en Argentine. Au moins 500 nourrissons leur ont aussi été pris, pour être élevés par des familles proches de la junte. C’est le cas du personnage principal, Luz, que l’on suit dans son (en)quête à la recherche de la vérité sur ses origines. Paula Giusti a ses raisons de vouloir traiter ce matériau, et dans une époque de vols d’enfants ukrainiens et ouïghours, et de renforcement des droites extrêmes, le sujet apparaît en outre d’utilité publique. L’outil de Paula Giusti est le théâtre, et même le théâtre dans le théâtre, avec une représentation qui fait mine de s’inventer à mesure qu’elle se déploie. Cet artifice dramaturgique permet un degré de distanciation ; un second degré vient de l’utilisation de la marionnette comme médium.
Revisiter un traumatisme historique par le biais d’un récit intime
La langue utilisée est simple, fluide, des mots de l’ordinaire qui disent des horreurs extraordinaires. Le texte est porté par une distribution d’interprètes aguerris, qui s’en débrouillent de manière inégale : il y a de beaux moments comme il y a des manques de justesse flagrants. Bonne idée que d’employer des marionnettes pour créer une distance, d’autant qu’elles sont plastiquement réussies – curieusement, le facteur ou la factrice reste anonyme – mais le choix de représenter la mère par un être anatomiquement impossible nous empêche de nous lier à elle émotionnellement, alors même que le travail de manipulation est bien fait. L’accompagnement musical ajoute de la vivacité à la proposition, qui s’enferre parfois dans les détours intriqués d’une histoire un brin rocambolesque.
Mathieu Dochtermann
du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 16h. Tél. : 06 68 62 42 64. Également le 30 novembre au théâtre L'Archipel à Fouesnant.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de [...]
Assister à une représentation de la pièce [...]