La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, mis en scène par Zabou Breitman

La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, mis en scène par Zabou Breitman - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Porte Saint-Martin
de g. à dr. : André Marcon, Anne Rotger, Léa Drucker, Micha Lescot © Jean-Louis Fernandez

de Georges Feydeau / mes Zabou Breitman

Publié le 24 septembre 2019 - N° 280

Zabou Breitman fait encore des étincelles avec Feydeau en signant une mise en scène pétillante et malicieuse de La Dame de chez Maxim, avec une distribution de haut vol.

Feydeau lui va si bien ! Déjà en 2013, lorsque Zabou mettait en scène Le Système Ribadier à la Comédie-Française, elle ciselait un spectacle délicieusement intelligent et drôle. Aussi n’est-il pas étonnant que le directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin lui ait proposé de monter une autre pièce de cet auteur, la plus mythique qui plus est : La Dame de chez Maxim. Une pièce dans laquelle, au lendemain d’une soirée arrosée chez Maxim, Monsieur Petypon, honorable médecin habituellement sobre, découvre dans son lit une danseuse du Moulin Rouge, la Môme Crevette. Quand débarque son oncle, qui prend la cocotte pour son épouse, les quiproquos s’enchaînent, déroulant pendant deux heures, ponctuées par la fameuse réplique « et allez donc, c’est pas mon père ! », une histoire aussi invraisemblable que finement écrite. Pour la mettre en scène, Zabou Breitman ne cherche pas la modernisation : au contraire, les décors signés Antoine Fontaine sont délibérément désuets, entre grandes toiles peintes à l’ancienne et lourdes tentures surannées, comme pour mieux sourire de ce goût petit-bourgeois que va dynamiter la Môme Crevette par son franc-parler et son naturel. Plus décalées, les perruques, tout en hauteur, renforcent le comique des silhouettes du couple Petypon, que ce soit en accentuant l’allure dégingandée de Micha Lescot – formidable en grand enfant égoïste –, ou en exagérant le maintien rigide d’Anne Rotger – irrésistible en « vieille toupie ».

Un quatuor de comédiens impayable

Quel couple d’acteurs fabuleux, tout comme la Môme Crevette interprétée par la sémillante Léa Drucker et le Général campé avec panache par André Marcon ! Dirigés d’une main ferme, ils forment un quatuor impayable, que ne dépare pas le reste de la troupe : Christophe Paou, Eric Prat, Valérian Béhar-Bonnet, Philippe Caulier, Ghislain Decléty, Solal Forte, Constance Guiouillier, Pierre-Antoine Lenfant, Damien Sobieraff, Pier-Niccolò Sassetti. Ces seconds rôles se révèlent notamment au deuxième acte, lorsque, travestis en femmes, ils font ressortir les ridicules de la petite bourgeoisie de province. Peu à peu, le théâtre devient apparent, les décors un peu de guingois en révèlent l’envers. Il faut voir Micha Lescot agiter un cordon de sonnette, heureux comme un gamin en s’apercevant que son geste fait monter le rideau de fond de scène derrière lequel s’agitent les comédiens en coulisse. Façon de dire qu’on est tous au théâtre. Et même si ces fissures sont annonciatrices d’un monde qui change – celui de la Belle Époque bientôt meurtri par la guerre –, elles restent subliminales, Feydeau restant avant tout un théâtre de divertissement. Zabou Breitman l’a parfaitement compris, et comme c’est bon une salle qui rit !

Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

La Dame de chez Maxim
du mardi 10 septembre 2019 au mardi 19 novembre 2019
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 boulevard Saint-Martin, 75010 Paris.

Tél. : 01 42 08 00 32.

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