Mademoiselle Julie d’August Strindberg, mise en scène de Julie Brochen
Avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand dans [...]
S’inspirant de son propre vécu, Tamara Al Saadi retrace l’expérience de son arrivée en France et son combat pour y trouver sa place. Depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
« J’ai grandi à Paris, dans un “en attendant“. » confie Tamara Al Saadi. En attendant de pouvoir rentrer en Irak, alors que la Guerre du Golfe vient d’éclater et que les frontières de son pays se sont fermées. Elle avait alors 5 ans… Si l’illusion du retour semble figer le temps, de manière toujours plus aiguë pour les plus âgés, elle oblige chacun des membres de la famille à tenter de se construire entre sa culture d’origine et celle inconnue du pays d’accueil. C’est sa propre expérience de l’exil que raconte Place, autofiction née « de la nécessité de parler d’une impasse, de ce sentiment qu’éprouvent parfois les étrangers à n’être jamais au bon endroit, de la bonne façon ». Pour ce faire, la jeune auteure et metteure en scène, qui a remporté avec cette pièce le prix des Lycéens et le prix du jury du Festival Impatience 2018, installe le récit dans un espace mental où elle convoque ses souvenirs et ses fantômes d’enfance, et donne à voir dans une scénographie très sobre ce qui accroche et achoppe dans sa quête identitaire. A la maison, à l’école, à la Préfecture de police, lors d’un dîner avec les parents de son petit-ami français… Plutôt qu’un déroulé linéaire, elle choisit la mise en lumière vive et affûtée de certaines situations, certaines tensions, utilisant régulièrement la distance de l’humour mais laissant voir aussi la gravité des blessures.
Conflits intérieurs
Née pendant la guerre entre l’Iran et l’Irak, sa famille a été imprégnée de moments de souffrance. « Je me souviens de mon enfance comme d’un cri. » assène-t-elle. Afin de dramatiser les conflits intérieurs qui l’agitent, le personnage principal de Yasmine est dédoublé. Toutes deux, Yasmine 1 et Yasmine 2, sont interprétées avec talent par Mayya Sanbar et Marie Tirmont. D’un côté une jeune fille qui représente son moi originel, irakien. De l’autre une jeune fille qui se veut française en voulant évacuer sa part arabe, et qui lance à son double : « Tu n’es qu’un empêchement. » Cette projection d’une subjectivité exacerbée a le mérite de la clarté, et fait émerger des moments d’émotion, mais elle génère aussi une dramaturgie démonstrative, avec quelques fragilités. L’aspect autobiographique et intime rejoint bien sûr des questions politiques, et la pièce invite à réfléchir à ce que signifient l’intégration ou l’assimilation, sujets de nombre de débats parfois étriqués. Etriquée, la pièce ne l’est pas, tant elle s’attache à laisser voir la coexistence d’enjeux et perceptions contradictoires.
Agnès Santi
jeudi et vendredi à 20h, samedi à 18h. Tél : 01 41 32 26 26. Durée : 1h30. Spectacle vu au Festival d’Avignon en juillet 2019.
Egalement les 18 et 19 novembre au Théâtre Sorano Toulouse, du 23 au 27 novembre au CentQuatre-Paris, du 3 au 6 décembre à La Manufacture CDN Nancy-Lorraine, le 13 décembre à l’ECAM, Espace Culturel André Malraux au Kremlin-Bicètre, du 7 au 10 janvier 2020 à la Comédie de Saint-Etienne, du 21 au 23 janvier à la Comédie de Reims, le 28 janvier au Vivat Armentières, le 31 janvier au Théâtre de Chelles, le 10 mars au POC - Pôle culturel d’Alfortville, le 13 mars à Ollioules Châteauvallon - Scène nationale, le 14 mai à Auch CIRCa.
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