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Avignon / 2022 - Entretien / Mélinda Mouslim
Face à l’urgence écologique et au sentiment d’un effondrement général de notre civilisation, Sylvain Decure et Mélinda Mouslim mettent les outils du spectacle vivant, en particulier du cirque, au service d’une pensée collective.
En co-signant La Conf’ – Ou comment on est allé là-bas pour aller ici ?, Sylvain Decure et vous vous éloignez de vos pratiques habituelles dans le spectacle vivant. Pourquoi ?
Mélinda Mouslim : Sylvain, qui est acrobate, et moi qui suis costumière collaborons depuis longtemps. Au fil des années, une belle complicité s’est créée entre nous. Aussi, lorsqu’en hiver 2019 l’effondrement de la biodiversité, du vivant en général ainsi que des acquis sociaux nous est apparu dans toute sa gravité, nous avons décidé de mettre en commun nos savoir-faire pour partager notre prise de conscience, pour en faire le point de départ d’une réflexion collective.
Quelles références ont nourri votre pièce ? Et comment y apparaissent-elles ?
M.M. : J’ai beaucoup lu avant d’entamer l’écriture du spectacle, avec le désir de multiplier les approches possibles des problèmes qui nous intéressent. J’ai ainsi dévoré par exemple les bandes dessinées d’Alessandro Pignocchi – Petit traité d’écologie sauvage, La cosmologie du futur et La recomposition des mondes – et le roman L’Arbre monde de Richard Powers, et me suis plongée dans les recherches sur l’anthropocène de Christophe Bonneuil que nous avons aussi rencontré, ou encore dans L’évolution créatrice du philosophe Henri Bergson. Digérées, ces références nourrissent une conférence autour d’un cobaye humain sans mémoire et d’une femme qui l’observe.
Où diriez-vous qu’intervient le cirque dans votre travail ?
M.M. : Bien qu’avant tout acrobate, Sylvain Décure a toujours eu une dimension clownesque, dans le sens de l’absurdité poétique, de l’impolitesse, de la subversion. En cobaye humain, qui après un temps de mutisme prend la parole et apprend à s’émanciper de l’Histoire patriarcale et des schémas de domination dont il a hérité, il fait appel à toutes ces qualités. S’il n’y a pas de performance physique dans La Conf’, du moins au sens acrobatique, cette création est pour nous deux une vraie prise de risque dans la mesure où elle nous déplace. Et le cirque, c’est le risque.
Les spectateurs sont-ils eux aussi mis en situation de risque ?
M.M. : Accueillis sur le plateau, qui est présenté comme une sorte d’endroit refuge situé dans un présent bousculé par des événements extérieurs qui ne seront pas décrits, les spectateurs sont d’emblée intégrés à l’expérience. Engagés à étudier le cobaye, ils sont amenés à créer collectivement l’environnement qui convient à cet humain. Et lorsque celui-ci se lance dans un cours d’autodéfense créatif, le public devient son élève. Nous voulons ainsi partager de la joie, qui est aussi une arme de résistance. Celle-ci est aussi au cœur des ateliers que nous aimons donner en tournée autour de notre Conf’.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 18h50, relâche les 12 et 17. Tel : 06 48 44 94 23.
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