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La compagnie Roland furieux adapte le roman de Thierry Froger. Dans cette série en quatre épisodes, montage acéré de textes, de sons, d’images et de corps, Didier Menin et Camille Perrin font vivre, plus vraies que nature, les figures multiples d’une impossible histoire de la Révolution contée par Jean-Luc Godard.
Dans Sauve qui peut (la révolution), série en quatre épisodes, Thierry Froger imagine le Projet 89, commande de Jack Lang à Jean-Luc Godard pour le bicentenaire de la Révolution Française. Projet qui de réécritures en abandons, se métamorphose en 93 ½, prétexte à un dialogue sur et à travers le temps, quête de vérité historique autant que de passion retrouvée. Défilent ainsi les personnages : Madame de Lamballe, Danton, Théroigne de Méricourt, dont les visages et les corps meurtris se superposent à ceux qui pourraient les incarner. Sur scène, ils sont deux (ou trois avec la scénographe Anaïs Pélaquier, qui commente, complète, retouche le récit). Didier Menin est JLG, Camille Perrin est un ami historien, sa fille, Danton, Isabelle Huppert ou Marguerite Duras – dans une stupéfiante réinterprétation des conversations avec le réalisateur. Découpé en quatre épisodes, avec leurs interludes rejouant l’ouverture de Deux ou trois choses que je sais d’elle, le récit peut s’interrompre, les acteurs renfiler leurs masques.
Éloge du montage
Chaque scène est un éloge du montage, tranchant comme une guillotine, que pilotent en direct Morgane Ahrach pour les images, et Camille Perrin pour le son. Le texte, amplifié par des emprunts tous azimuts, se transforme en une partition hybride où s’entrechoquent réminiscences et images réitérées, tels ces bruits aquatiques qui entourent peu à peu scènes et dialogues, isolant JLG à mesure que le flot des idées manque (ou pas) de faire sombrer le projet. Sauve qui peut (la révolution) raconte la quête d’un film – ou d’autre chose, peut-être – qui ne peut aboutir. Dans le quatrième épisode, Laëtitia Pitz, en un pas de côté, invente ce qu’il pourrait être, et c’est alors, brûlante, La Mort de Danton de Büchner. Plongé au cœur du récit par un dispositif bifrontal puis quadrifrontal, le public, invité à changer de place entre les épisodes, voit chaque scène à travers les personnages, réalisant le rêve de Godard (et d’autres) de montrer le monde – réel ou inventé, cela n’a pas d’importance – à travers la pellicule.
Jean-Guillaume Lebrun
Intégrales des épisodes 1, 2, 3 & 4 le lundi, jeudi et vendredi à 19h, le samedi à 18h et le dimanche à 16h.
Tél. : 01 43 62 71 20. Vu à la Cité musicale – Metz, le 11 novembre 2023.
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