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Danse - Critique

« Kill me » : la voix crue et singulière de Marina Otero

« Kill me » : la voix crue et singulière de Marina Otero - Critique sortie Danse Montpellier Montpellier Danse
Kill me de Marina Otero. © Sofia Alazraki

En tournée / Chorégraphie Marina Otero

Publié le 6 juin 2024 - N° 322

Après Fuck me et Love me, Marina Otero crée au Printemps des Comédiens Kill me, troisième volet d’un triptyque faisant partie d’un projet autofictionnel plus large qu’elle prévoit de poursuivre jusqu’à sa mort. Un spectacle brut, violent et à la fantaisie débridée.

Des images capturées par le téléphone portable de Marina Otero défilent sur grand écran alors qu’entre confession et souci didactique sa voix off nous explique la genèse de Kill me : le succès et les tournées internationales, la relation stable avec un conjoint, et pourtant des poussées auto-agressives et une angoisse persistante. Puis après la rupture douloureuse d’avec ce compagnon qui s’avère finalement toxique, le diagnostic psychiatrique : borderline. Pour survivre à tout ça, la nécessité d’en faire un spectacle dont le sujet se situe entre la passion amoureuse et la maladie mentale et dont les acteurs et actrices sont eux aussi en lien avec les troubles psychiques : un danseur schizophrène, trois danseuses borderline – dont la chorégraphe – et une autre enfant de lacaniens, une musicienne bipolaire.

« Exploser en mille éclats d’amour propre »

Débarque alors sur le plateau cinq femmes nues si l’on excepte leurs bottines, genouillères et perruques rousses, flingues à la main, sortes de Claudettes sorties d’un film de Tarantino, qui défilent et tirent dans tous les sens, sans oublier de viser le public. Elles seront bientôt rejointes par le seul homme de l’équipe, un Nijinski petit et rond, qui comme elles rendra compte sans fard de son histoire. Dans ces témoignages poignants, il sera question de pensées suicidaires, de troubles alimentaires, de nymphomanie, de traitement au lithium, de Marylin Monroe de Lady Di et d’Elton John, de l’internement du Dieu des danseurs, auteur de Petrouchka revenu parmi nous. La danse, très présente dans ces récits, viendra les entrecouper multipliant les envols qui se fracassent en chutes, les gestes de combats entre Drôles de Dames et Tomb Raider, les tirs, toujours. Le rire – irrésistible pas-de-deux sur pointes – et la candeur – un ange sur patin à roulettes – viendront régulièrement offrir un pendant apaisant à cette violence débridée. Après Fuck me et Love me, Marina Otero qui poursuit son projet d’une œuvre sans fin basée sur sa propre vie, clôt en beauté avec Kill me son triptyque. Allant au-delà de sa propre expérience, elle donne à entendre avec crudité et fantaisie des voix peu présentes habituellement sur les plateaux, continuant de tracer ainsi son chemin singulier dans le paysage chorégraphique.

Delphine Baffour

A propos de l'événement

Kill me
Montpellier Danse
Montpellier Danse

Du 25 au 27 septembre à 21h, le 28 à 20h, le 29 à 17h. Tél. : 01 44 95 98 00. Durée : 1h30. Vu à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon dans le cadre du Printemps des Comédiens.

À voir au Rond-Point : Fuck me du 18 au 22 septembre, Love me le 24 septembre.

Également du 30 octobre au 2 novembre au Théâtre de Vidy, Lausanne, Suisse, le 5 novembre à L’Onde, Vélizy, du 26 au 29 mars au Théâtre des Célestins, Lyon.

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