La venue de cette légende de Chicago est le concert événement du festival Sons d’hiver.
Il aura attendu d’avoir plus de 80 ans, pour traverser l’Atlantique. Et pourtant, les sérieux collectionneurs du jazz cosmique et les vrais amateurs d’improvisations libres connaissent bien le sieur Kelan Phil Cohran. Né dans le Mississippi, grandi à Saint Louis, c’est à Chicago que ce trompettiste de formation aura fait l’essentiel de sa carrière. Là, il intègre l’Arkestra de Sun Ra, avant de fonder au virage relevé des années 60 l’Artistic Heritage Ensemble, où l’on croise Pete Cosey, bientôt guitariste du Miles électrique, certains futurs Earth Wind and Fire, ou encore « Master » Henry Gibson, percussionniste pilier de la soul music. Autant dire que l’esthétique développée brasse large, plus branchée sur la féconde spiritualité que sur la banale technicité. A l’image de Cohran lui-même qui commence alors à toucher à de nombreux instruments (violon, harpe, percussions…) et même un instrument inventé par ses soins : le « frankiphone », en fait un piano à pouces électrifié. Néanmoins, il serait illusoire de n’y voir là que les délires new age d’une world music aseptisée. C’est même tout le contraire que soutient ce musicien, fondateur en 1965 de l’AACM, l’organisation des musiciens de Chicago qui renvoie aux préoccupations socio-politiques de la communauté afro-américaine, particulièrement malmenée dans les ghettos de Chicago. Voilà pourquoi il aura depuis tout ce temps privilégié la transmission de son savoir, n’oubliant jamais de le faire raisonner aux autres champs de la société. Voilà pourquoi le patriarche a embarqué avec lui l’Hypnotic Brass Band, une terrible fanfare composée de ses enfants, qui mixe jazz, funk et hip-hop.
Le samedi 31 janvier, à 20 h 30 au théâtre de Cachan (94). Places : de 12 à 18 €. Tél. : 01 45 47 72 41.