La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Jazz / Musiques - Entretien

François Mechali et Carole Thibaut

François Mechali et Carole Thibaut - Critique sortie Jazz / Musiques
Mechali (Lionel Pagès) + Thibaud (©Victor Tonelli)

Publié le 10 décembre 2008

Voix en résonances

Artiste en résidence à L’Apostrophe de Cergy-Pontoise, le contrebassiste et compositeur François Mechali signe sous le titre « Histoire de résonances » une prometteuse création. Cette expérience de collecte et de recomposition de musiques populaires est enrichie par un texte original écrit et dit par Carole Thibaut, auteure et comédienne, cinquième voix orchestrale d’un quintet de jazz pas comme les autres.

Votre travail de composition s’appuie sur une "collecte"  de musiques populaires
François Mechali : L’idée d’appropriation de musiques populaires est une constante dans mon approche de l’écriture. J’ai rencontré un certain nombre de personnes de différentes origines par l’intermédiaire d’associations locales. Le propos n’est surtout pas de faire remonter un sens communautariste mais bien de s’attacher à une authentique mémoire de ces personnes rencontrées. A partir de là, je suis parti de l’originel pour me diriger vers une musique originale écrite qui fixe une certaine oralité et définit une esthétique qui m’est propre.
 
Comment avez-vous abordé ce travail d’écriture ?
Carole Thibaut : La première partie de mon travail a consisté à refaire le chemin que François avait fait : rencontrer les gens, recueillir et retranscrire leurs histoires, leurs paroles. Cela a constitué un matériau textuel assez volumineux, que j’ai peu à peu malaxé, sculpté. Ces histoires étaient pleines de "résonances" et avaient souvent à voir avec des histoires d’oppression (celles des peuples berbères et haïtiens), avec la résistance aussi, et avec les femmes qui s’avéraient être les gardiennes de ce patrimoine. Le texte s’est donc dessiné peu à peu comme un long chant parlé, un chant autour des femmes, baigné de Méditerranée, une quête d’une mémoire plurielle, d’une mère originelle, figure de ces peuples dont on a volé l’Histoire et qui continuent de se dresser malgré tout sous l’oppression.

« Le quartet se transforme en quintet avec la voix, le texte étant la cinquième voix. »
De quelle manière avez-vous imaginé que texte et musique se rencontrent ?
François Mechali : Je voulais un quartet avec une orchestration originale dans laquelle chaque soliste pourrait trouver sa place. Le quartet se transforme en quintet avec la voix, le texte étant la cinquième voix. Ce n’est pas un groupe « 4 + 1 » mais « 5 à géométrie variable » en exploitant toutes formes orchestrales qu’elles soient dites ou jouées.
Carole Thibaut : Il nous fallait inventer quelque chose qui donne toute leur place au texte et à la musique, sans que l’un ou l’autre ne devienne, comme c’est souvent le cas, illustratif, ou pire, redondant. Nous avons finalement décidé d’aborder le texte comme une partition musicale et la voix comme un cinquième instrument. Au fur et à mesure des répétitions, je travaille le texte, comme un matériau poétique, et suivant les codes du jazz. Il peut ainsi intervenir en chorus, en thème principal, en dialogue avec un autre instrument. Je crois qu’on peut dire aujourd’hui que nous formons un vrai quintet.
 
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec 


Avec Carole Thibaut (comédienne), François Mechali (contrebasse), Christian Lété (percussions), David Venitucci (accordéon) et Benoît Sauvé (flûte à bec).
 

Les 16 décembre à 20h30, 18 à 19h30 et 19 à 20h30 au Théâtre de Jouy-le-Moutier, puis le 13 février à 21 h au Centre Culturel de Saint-Ouen-l’Aumône. Tél. 01 34 20 14 14 et 01 34 43 38 00. Places : 13 €.

A propos de l'événement


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