La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien

José Alfarroba

José Alfarroba - Critique sortie Danse
José Alfarroba

Publié le 10 janvier 2008

Dix ans d’Ardanthé !

C’est avec un passionné de danse, voué à développer la danse sous toutes ses formes à Vanves, que nous nous sommes entretenus. José Alfarroba tient le cap d’Ardanthé depuis 10 ans. Un anniversaire à fêter tout au long de la saison avec les quarante-une compagnies de cette nouvelle édition.

C’est aujourd’hui la dixième édition d’Ardanthé. Voyez-vous cet anniversaire comme un symbole ?
Oui, on a réussi à tenir dix ans, ce qui n’était pas évident au départ. Quand j’ai décidé de créer un événement danse dès la première année au théâtre de Vanves, c’était assez simple au départ, avec peu de compagnies. L’idée était de promouvoir les compagnies qui n’avaient pas de lieux, et qui avaient beaucoup de mal à être programmées.

Une façon de répondre au problème de la diffusion de la danse…
Surtout pour les compagnies émergentes. C’est en rencontrant la compagnie de Christian et François Ben Aïm (à l’époque Eclats d’Art) que j’ai voulu me positionner en accompagnant des projets au sein d’un lieu, en programmant des pièces mais aussi en envisageant des collaborations sur la durée. Une des raisons d’Ardanthé, c’était aussi de pouvoir suivre des compagnies sur 3 ou 4 ans, avec toujours une confrontation avec celles ayant déjà pignon sur rue. J’aime beaucoup provoquer des rencontres, mettre en contact des artistes, par exemple avec les « cartes blanches ».
 
« J’aime beaucoup provoquer des rencontres, mettre en contact des artistes, par exemple avec les « cartes blanches ». »
 
C’est une vraie fidélité avec Christian et François Ben Aïm, auxquels vous consacrez trois soirées différentes.
Ces chorégraphes, à un moment donné, ont fait le choix d’une ligne artistique et l’ont maintenue contre vents et marées. Ils expriment une très grande sincérité, un grand respect du public, mais ce qui m’intéresse le plus, c’est leur façon de faire, de ne pas céder aux modes, et leur rapport au texte. Depuis le début, le public de Vanves les suit, c’est une fête à chaque fois qu’ils viennent !

Vous titrez d’ailleurs votre éditorial « Contre danse(s) et marées… ». Cela dénote-t-il un vrai combat ?
Il est vrai que la place de la danse n’est pas évidente dans les théâtres municipaux, de même que dans les scènes nationales. Une manifestation éphémère ne m’intéressait pas. La danse est peut-être ce qui pose le plus de problème, au public, aux élus, car on a toujours peur d’elle. Le théâtre de Vanves étant un théâtre municipal, je me dois de présenter de la chanson, du théâtre, de la musique classique… Comme je suis très têtu, j’ai enfoncé beaucoup de portes, passé des grandes marées, et la ville a compris l’intérêt de défendre ce qui n’est pas forcément facile. J’ai pu faire partager ma passion de la danse, pas uniquement avec des pièces que j’aime, mais surtout avec des œuvres importantes que j’ai envie de montrer au public de Vanves et d’ailleurs.

La forme du festival a évolué dans le temps. Qu’est-elle devenue ?
Ardanthé n’est plus un festival. On l’envisage sur l’année, pour que Vanves soit la ville où l’on danse, que le théâtre soit une maison de la danse. On pourrait dire qu’il y a quatre temps qui fondent cette présence de la danse sur chaque saison, avec un Ardanthé d’hiver qui correspond à l’ancien festival. Quand on commence à suivre des compagnies sur la durée et que l’on veut en même temps porter attention sur les jeunes écritures, on arrive à des éditions de quarante compagnies ! Ce n’est pas une question de voracité, mais il y a un réel suivi et un appétit de découverte vers d’autres artistes que j’aime faire entrer dans la famille Ardanthé. On retrouve un état d’esprit, une famille, même si les esthétiques sont différentes. A chaque fois, une aventure humaine et artistique importante se met en place. 

Il s’agit de la partie visible de l’iceberg, mais il y a aussi tout un travail en parallèle, avec notamment l’école du spectateur…
C’est aussi important que la programmation, et c’est peut-être aussi pour cela que le public d’Ardanthé se développe. L’école du spectateur est née de ces petites rencontres informelles au bar du théâtre, entre les artistes et le public. C’est une façon de rentrer dans l’univers d’un artiste, de montrer que la danse et les danseurs ne font pas peur et ne sont pas à part. Avec les stages, les répétitions publiques, nous sommes aussi passés par des actions mettant en jeu des spectateurs, à un niveau où la rencontre se produit réellement sans qu’il soit question de figuration. On a eu l’exemple par le passé avec Herman Diephuis, ou aujourd’hui avec le projet de Geisha Fontaine et Pierre Cottreau. Nous avons un groupe de spectateurs très fidèles qui assistent également aux conférences, à l’atelier du regard animé par Gérard Mayen. Le but est de mettre la danse à la portée de tout le monde, d’éveiller la curiosité.

La notion de résidence d’artistes, avec l’ouverture d’une nouvelle salle, est elle aussi importante.
Nous partagerons une salle avec des associations locales, ce qui est très important quant à l’insertion de l’artiste dans le tissu social de la ville. Cette salle va nous donner des champs plus larges, plus vastes pour les artistes, avec qui l’on va pouvoir développer des projets sur la durée, et mettre en place des actions pour aller davantage à la rencontre des publics de Vanves.
Propos recueillis par Nathalie Yokel


Ardanthé hiver, du 9 janvier au 29 février, Ardanthé printemps du 25 mars au 4 avril, Ardanthé été du 30 mai au 13 juin, au Théâtre de Vanves, 2 rue Sadi Carnot, 92170 Vanves. Tel : 01 41 33 92 91.

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la Danse

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur la Danse