Traversées du monde arabe
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Georges Lavaudant crée un montage théâtral à partir de cinq des dernières comédies de Georges Feydeau. Une proposition en forme de best-of, qui prend le parti de la seule légèreté.
Du mariage au divorce. C’est sous ce titre évocateur que Georges Feydeau (1862-1921) avait le projet, à la fin de sa vie, de réunir quatre de ses pièces en un acte au sein d’un même corpus dramatique. Sa santé ne lui en a pas laissé l’occasion. Feu la mère de Madame, On purge Bébé, Mais n’te promène donc pas toute nue, Léonie est en avance : des comédies acerbes, par endroits même féroces, qui poussent la mécanique théâtrale de l’auteur jusqu’à son paroxysme. Ces textes aux accents grotesques nous embarquent ainsi dans des joutes de couples qui enflent, s’entortillent, se prolongent, prennent toujours de l’ampleur, ne semblent pas vouloir finir. Et qui basculent dans des territoires avoisinant le monde de l’absurde. La déraison n’est jamais très loin. La noirceur pointe du doigt les impasses de certaines relations humaines. Ce sont ces quatre comédies que le metteur en scène Georges Lavaudant a choisi de présenter à l’intérieur d’une même représentation intitulée Hôtel Feydeau. Ou plutôt deux extraits de chacune d’entre elles, auxquels viennent s’ajouter le prologue de Cent millions qui tombent, une pièce inachevée de l’auteur, ainsi que des interludes de music-hall chorégraphiés par Francis Viet.
Comme une bulle de savon
Pour donner un cadre à cette forme de best-of, l’ancien directeur du Théâtre de l’Odéon a imaginé un hôtel au sein duquel s’enchaînent et s’entrecroisent les différents fragments de ces cinq pièces. Une référence à Georges Feydeau, qui a lui-même vécu dans un palace parisien durant dix ans, après s’être séparé de sa femme… ? Surmonté d’une enseigne reprenant le titre du spectacle, un espace blanc épuré, au sein duquel se détachent des chaises de couleurs vives, sera donc le lieu unique de cette série de tiraillements, de désaccords et de bras de fer. Mais coupés de leurs corps d’origine, extirpés des constructions horlogères auxquelles ils auraient dû prendre part, ces duels domestiques ne mènent guère plus loin que des sketchs. Gilles Arbona, Astrid Bas, Lou Chauvain, Benoit Hamon, Manuel Le Lièvre, André Marcon, Grace Seri et Tatiana Spivakova font, pourtant, tout ce qu’ils doivent faire. Ils s’illustrent, même, dans deux ou trois moments d’une franche cocasserie. Mais la folie tranchante, périlleuse, qui fait toute la saveur et l’étrange consistance de ces comédies en un acte n’est pas là. Conçu comme un pur objet à divertir, cet Hôtel Feydeau fait sourire sans convaincre. Il s’élève, dans sa seule légèreté, à la façon d’une bulle de savon.
Odéon – Théâtre de l’Europe, place de l’Odéon, 75006 Paris. Du 6 janvier au 12 février 2017. Du mardi au samedi à 20h, les dimanche à 15h. Relâche les lundis. Durée du spectacle : 1h25. Tél. : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu
Egalement les 27 et 28 février 2017 à La Comète - Scène nationale de Châlons-en-Champagne, du 5 au 7 octobre au Théâtre de l’Archipel - Scène nationale de Perpignan.
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