Ne pas dénaturer le cirque
Venu du théâtre, professeur à l'ENACR et au [...]
Le Cirque contemporain en France
Loïc Touzé fait partie de ces chorégraphes dont la science de l’écriture chorégraphique est souvent recherchée par les compagnies de cirque. Retour sur sa collaboration avec la compagnie XY.
« En 2009, Abdel Senhadji m’a appelé pour me raconter qu’il était acrobate et menait un projet avec le collectif XY, dont il est l’un des créateurs. Il avait le désir de se retirer en tant qu’auteur sur le spectacle. Finalement, je suis intervenu sur Le Grand C davantage comme arrangeur, c’est-à-dire que j’ai essayé d’apporter mes compétences chorégraphiques – le rapport à l’espace, au temps, au geste – sans imposer de vision particulière. Dans mon travail, je suis intéressé par des modes mineurs – la suspension, la rétention – quand le cirque est dans une culture du spectaculaire. Le cirque reste tourné vers la prouesse et j’ai été confronté à des refus de la part des acrobates que j’ai dû comprendre et accepter.
Une excellence qui me fascine
J’ai travaillé avec des gens très techniques dans la danse mais les acrobates ont une excellence que je ne connaissais pas, et qui me fascine. Une précision, une attention, et aussi une bonne humeur, qui constituent leurs filets de sécurité. En revanche, ils n’ont pas cette culture de la représentation, de l’image. Le Grand C devait être un one-shot. Pour ce spectacle, j’ai eu affaire à un groupe de dix-sept acrobates. Et pour Il n’est pas encore minuit, ils sont vingt-deux. Le travail a été pour cette dernière pièce plus élaboré, au-delà de l’arrangement, car proposant une construction chorégraphique plus fouillée, avec des idées parfois perçues par les circassiens comme “trop contemporaines“. Pour moi aussi, ce travail avec une autre culture est une acrobatie ! »
Propos recueillis par Eric Demey