La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Le Cirque contemporain en France

Pourquoi prendre la parole ?

Pourquoi prendre la parole ? - Critique sortie
Crédit photo : Viola Berlanda Légende photo : Jambenoix Mollet, dans Les larmes de Bristlecone.

Cirque et parole

Publié le 11 novembre 2014

« Je suis trois », murmurait-il avec les mots de Romain Gary, dans le silencieux Cri du caméléon, spectacle de fin d’études du Cnac dirigé par Josef Nadj en 1995. Jambenoix Mollet, cofondateur et directeur artistique de la compagnie Anomalie, aime parler en piste et mêler les langages.

« Les mots s’imposent comme une des composantes de la partition scénique. »

« Je parle souvent en scène… Nos processus de création privilégient l’écriture de plateau et s’appuient beaucoup sur des improvisations, qui chez moi libèrent l’imaginaire et la parole. Nous entremêlons des histoires personnelles, des fragments de textes piochés ici et là, des propos nés de la situation ou de la thématique. Les mots s’imposent alors comme une des composantes de la partition scénique. Ils viennent soutenir la narration ou la construction d’un personnage, densifier le sens, en interaction avec les autres langages. Parce que la parole s’incarne physiquement, elle touche au rapport duel entre le corps et l’esprit, le théâtre et la performance, la pensée et l’expression sensible. C’est un espace de recherche passionnant, source de plaisir pour moi, que nous avons particulièrement exploré dans Les larmes de Bristlecone.

Narration et mise à distance

Le spectacle commence par une conférence sur la physicalité des émotions, en particulier les pleurs. Le verbe permet ici une mise à distance du sujet et l’étude des comportements. Le contraste entre l’état émotionnel et son analyse minutieuse, qui conduit finalement à une vision théorique du monde, introduit beaucoup d’humour. Puis nous basculons brutalement dans un univers fantastique en pénétrant dans l’inconscient des personnages, dans la « fabrique » complexe des émotions, où se mélangent la perception de la situation, le souvenir, le refoulé, le non-dit… La logique de la narration portée par la parole savante tranche avec l’irrationnel des rêves, qui, par leurs résonances symboliques, créent des connexions surprenantes entre des images et des évènements, génèrent de multiples niveaux d’interprétation. Ces deux approches nous révèlent alors la même réalité dans son irréductible incertitude… »

 

Propos recueillis par Gwénola David

Les Maîtres, création 2015. Entrevoir, création 2017, première au Festival Spring en mars 2017. 

A propos de l'événement


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