Robyn Orlin

Les chorégraphes, ce n’est pas nouveau, peuvent apporter beaucoup à la mise en scène d’opéra : Pina Bausch (Orphée et Eurydice), Sasha Waltz (Orfeo) ou José Montalvo (Les Paladins), entre autres, ont montré par le passé tout ce que l’opéra pouvait gagner à être ainsi mis constamment en mouvement. Le cas de Robyn Orlin est un peu différent : pour la chorégraphe sud-africaine, qui sort volontiers des lieux habituels de diffusion de la danse contemporaine et intègre la vidéo à la plupart de ses propositions, les œuvres du passé sont avant tout un prétexte pour retrouver dans le mouvement des corps la réalité du monde contemporain. Le choix de Pygmalion n’est guère étonnant. D’abord parce que la musique de Rameau, plus que de la narration, est au service de la danse. Ensuite, parce que, en s’appuyant sur le célèbre mythe tiré des Métamorphoses d’Ovide, Pygmalion offre à Robyn Orlin quelques-uns des thèmes qu’elle retravaille pièce après pièce : la femme et ses représentations, le dévoilement du corps, l’acte créateur ou encore la naissance du mouvement. Avec Emmanuelle Haïm et Le Concert d’Astrée dans la fosse (et sur scène les chanteurs Reinoud Van Mechelen, Samantha Louis-Jean, Hasnaa Bennani, Magali Léger et Victor Sicard), l’Opéra de Dijon propose ici un beau diptyque avec L’Amour et Psyché de Mondonville.

J.-G. Lebrun