Aik Karapetian

Les mises en scène de l’opéra de Bizet se suivent, saison après saison, et il n’est guère une année sans qu’une scène lyrique en France n’en propose une nouvelle. Cela dit assez l’actualité de l’héroïne dont on a fait en un peu plus de cent quarante ans la figure de la femme moderne. Mais la notion de modernité est, par définition, très évolutive, et il faut trouver les artistes qui sauront apporter sur l’œuvre un regard de notre temps. Valérie Chevalier, la directrice générale de l’Opéra national de Montpellier Occitanie, est allé chercher ce regard neuf en Lettonie, où Aik Karapetian a déjà livré ces dernières années son interprétation du Barbier de Séville de Rossini – saluée comme une grande réussite – et plus récemment de Faust de Gounod. Ce jeune metteur en scène (né en 1983) vient du monde audiovisuel et c’est avant tout la capacité à créer des images fortes que l’on remarque dans son travail à l’opéra. Contraste de l’ombre et de la couleur, atmosphères oniriques et souvent inquiétantes : il transpose à la scène un langage tout droit venu de son imaginaire de cinéaste qui ne dédaigne pas les films de genre. Pour la jeune soprano Anaïk More, c’est déjà la troisième fois qu’elle endosse les habits de Carmen – ils devraient être bien différents de ceux de ses débuts dans le rôle l’an dernier à Stuttgart.

J.-G. Lebrun