Pour un enseignement individualisé de la mise en scène

« La mise en scène requiert un certain nombre de dispositions innées. Par
exemple, la capacité à entraîner un groupe, à lui faire partager un projet, à
effectuer le va-et-vient entre la projection dans l’acteur et la prise de
distance, entre le détail et le général, ce qui revient à posséder un mélange
d’esprit d’analyse et de synthèse assez particulier. Mais il y a aussi des
choses qui doivent s’acquérir : comme l’aptitude à travailler avec tous les
intervenants du théâtre, à mûrir un projet, à se poser les bonnes questions tout
au long de la préparation d’un spectacle? Il s’agit d’une activité pour laquelle
l’expérience est essentielle. Je crois ainsi que la mise en scène s’apprend
essentiellement en faisant de la mise en scène. L’école n?est donc pas un
impératif, mais elle peut permettre de gagner du temps. A condition qu’elle
s’organise autour d’un enseignement qui soit le plus concret possible, le plus
individualisé, qui permette aux élèves d’apprendre en partant de leurs envies
spécifiques, de leurs goûts, de leurs aspirations personnelles. C’est pour cela
que j’ai souhaité créer une section de mise en scène/dramaturgie qui n?accueille
que deux élèves metteurs en scène et un élève dramaturge. Afin de prodiguer un
enseignement au cas par cas, qui se confronte continuellement au plateau. Je
reste très sceptique face à l’idée de cursus envisageant des classes de quinze
élèves metteurs en scène à qui l’on enseigne la même chose de façon un peu
théorique? »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat