Création et coopération internationale
Yveline Rapeau, directrice de La Brèche, Pôle [...]
Le Cirque contemporain en France
Ils sont les nouveaux acteurs emblématiques d’une politique publique en faveur du cirque. Qui sont ces pôles cirque qui maillent aujourd’hui le territoire ? Retour sur une histoire née avant tout sur le terrain.
« Des lieux pérennes pour le cirque » : c’est en ces termes que le projet des pôles cirque a été formulé, comme le rappelle l’expression utilisée dans le cahier des missions et des charges pour les Pôles Nationaux des Arts du Cirque. Quel trajet a donc été accompli, pour que l’on passe d’un art nomade – dont l’itinérance a fait les belles heures et symbolisé par le chapiteau, édifice de l’éphémère – à un art institué et perpétué dans des lieux dédiés ? On peut remonter aux années 90, quand cet art est devenu « contemporain » et a sérieusement creusé de nouveaux sillons esthétiques, faisant émerger d’autres besoins chez les circassiens. Une explosion artistique, l’émergence d’un nombre important de jeunes artistes issus des formations, et une diffusion qui n’était pas à la hauteur des nouveaux enjeux, ont conduit les professionnels à réclamer plus de reconnaissance. Ce sera chose faite lors de l’Année des Arts du Cirque, décrétée en 2001 par la ministre de la Culture Catherine Trautmann. Parmi tous les événements et actions, elle pose les premières pierres en identifiant à ce moment-là onze pôles en région, soient onze structures portant déjà un projet emblématique pour le cirque en lien avec les collectivités territoriales. A partir de 2009, la reconnaissance tant attendue devient nationale avec la labellisation et la clarification de leurs missions (circulaire du 31 août 2010).
La structuration du milieu et du paysage du cirque en France
Aujourd’hui, ils sont douze lieux labellisés Pôles Nationaux des Arts du Cirque (PNAC). La création et la production sont leurs missions premières, suivies du près par la diffusion dans le territoire et l’accompagnement des publics. Ils doivent également contribuer à la structuration de la profession. De tels objectifs doivent faire appel à des moyens, liés notamment au bâti, et passant parfois par la réhabilitation, l’aménagement ou la construction de locaux. C’est un chantier coûteux qui a débuté il y a plus de dix ans, et qui reste encore inachevé. Le label n’est pas un modèle. Même s’il annonce un plancher de 150 000 € annuels de subventions de l’État par structure, on constate de grandes disparités au sein du réseau : au cœur de territoires urbains ou très ruraux, avec des collectivités plus ou moins impliquées, les projets mis en œuvre sont considérés par les professionnels comme sous-dotés. De plus, si la logique de décentralisation et de maillage du territoire a constitué un préalable à la dynamique de labellisation, on reste encore très loin d’un aménagement du territoire équitable. Moins de la moitié des régions françaises reste concernée, avec un réel déficit sur certaines zones. Les Pôles Nationaux des Arts du Cirque, fruits d’une histoire et d’un long processus, ont, hier, répondu à des besoins pour, aujourd’hui, créer de nouvelles attentes.
Nathalie Yokel
Les PNAC sont : L’Agora à Boulazac, La Brèche à Cherbourg-Octeville, Le Carré Magique à Lannion-Trégor, Le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, La Verrerie à Alès, Le Théâtre Firmin Gémier / La Piscine à Antony / Chatenay-Malabry, Le Sirque à Nexon, CIRCa à Auch, Le Prato à Lille, Le Cirque Jules Verne à Amiens, Le CREAC à Marseille, et La Cascade à Bourg Saint Andéol.