La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

SHALL WE DANCE?

Former par la tangente

Former par la tangente - Critique sortie Danse
Crédit photo : Tristan Jeanne-Valès Légende photo : Mathilde Monnier

Entretien / Mathilde Monnier
Centre National de la Danse

Publié le 27 février 2016

Directrice du Centre national de la Danse depuis janvier 2014, la chorégraphe Mathilde Monnier développe un projet qui le positionne résolument comme un centre d’art pour la danse. Aux côtés du patrimoine et de la création, la formation pose le troisième pilier des missions.

Comment les besoins de formation des danseurs ont-ils évolué au cours des dernières années ?

Mathilde Monnier : Les danseurs cherchent moins l’entraînement physique pour renforcer leurs performances et leurs capacités corporelles à s’adapter aux techniques variées des chorégraphes que des outils d’intelligibilité de leur métier. Ce changement reflète l’évolution du statut des danseurs, qui, d’interprètes, revendiquent – et occupent d’ailleurs de plus en plus – la place d’auteurs de leur geste. Ils ne veulent pas être considérés comme des exécutants mais devenir sujets à part entière de leur profession. Ce besoin, qui touche aussi à la reconnaissance symbolique, se traduit par une quête de culture générale et historique, de connaissance des œuvres et de contenus théoriques susceptibles de nourrir leur personnalité artistique.

« Les danseurs ne veulent pas être considérés comme des exécutants mais devenir sujets à part entière de leur profession. »

Quelles sont les lignes directrices de l’offre du CND ?

M. M. : J’ai reconduit les dispositifs existants, à savoir les formations continues, les grandes leçons, les stages et l’entraînement régulier du danseur. Sauf pour les cursus diplômants, le public se montre très volatile : les danseurs se déplacent beaucoup, ont dans l’ensemble des revenus et des propositions d’emploi en baisse. Il devient plus difficile d’anticiper la fréquentation, sauf à proposer des chorégraphes et des intervenants connus. L’attrait d’une formation est en effet souvent motivé par la possibilité de rencontrer un artiste dans la salle de répétition et de se faire ainsi remarquer pour éviter l’exercice douloureux et périlleux de l’audition. Cette attente biaise la conception des programmes. Nous avons cependant élargi le spectre des propositions avec par exemple des stages sur l’outil hypnotique, sur la prévention, l’auto-soin et la santé, sur les lumières, sur le geste amateur… qui intéressent un nouveau public.

Quelle est pour vous l’influence de la formation sur les esthétiques et le rôle du CND ?

M. M. : Les écoles européennes ont affirmé des esthétiques à travers leurs programmes pédagogiques et/ou leur fondateur. La clarté et la diversité des identités permettent aux jeunes de choisir leur formation initiale en fonction de leurs appétences. Pour autant, ces cursus tendent aussi à formater la créativité et à tracer les parcours. Une manifestation comme Camping rebat les possibles. Durant deux semaines en juin, elle propose une programmation de cours et d’ateliers pratiques et théoriques, une plateforme de spectacles chorégraphiques, des projets d’étudiants issus des écoles invitées, des projections de films, des rencontres de professionnels. En mélangeant des artistes issus de divers horizons, ce festival particulier permet le partage des expériences et des esthétiques. Il joue une fonction de carrefour pour ouvrir d’autres voies. Le CND amène ainsi de la tangente dans les parcours !

 

Entretien réalisé par Gwénola David

 

Centre national de la Danse, 1, rue Victor-Hugo, 93507 Pantin Cedex. Tél. : 01 41 83 98 98. CND Lyon / Rhône-Alpes, 40 ter, rue Vaubecour, 69002 Lyon. Tél. : 04 72 56 10 70.

A propos de l'événement


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