Edition Spéciale, nouvelle formation pour les chorégraphes
Nouvelle formation
Entretien Mathilde Monnier
Publié le 28 février 2017
Mathilde Monnier explique l’expérimentation en cours d’Edition Spéciale, une nouvelle formation pour les chorégraphes proposée par le Centre National de la Danse.
Qu’est-ce qu’Edition Spéciale ?
Mathilde Monnier : C’est une formation en direction des auteurs chorégraphiques, née d’une discussion avec la SACD, et notamment Stéphanie Aubin, où l’on remarquait qu’aujourd’hui il y a peu de choses en direction des artistes qui sont en milieu de parcours. J’y ai donc réfléchi en me disant qu’il serait intéressant de proposer une formation qui soit à la fois une réflexion sur l’artistique et sur le développement d’un parcours. On sépare toujours les choses, entre l’artistique, la production, l’écriture, le suivi d’un projet. Ici, il s’agit de mener les choses de front, et d’apporter des compétences et de l’expertise auprès de ces artistes.
« Proposer une formation qui soit à la fois une réflexion sur l’artistique et sur le développement d’un parcours. »
Ils sont donc mis en jeu en tant qu’artiste, et en tant qu’entrepreneur…
M. M. : Justement, parce qu’ils sont des entrepreneurs, et parce qu’ils ont des problèmes en tant qu’entrepreneurs, on doit comprendre comment ces problèmes se conjuguent à l’artistique.
Comment cela se concrétise-t-il ?
M. M. : Le CND développe cette formation avec La Belle Ouvrage, qui est un organisme spécialisé, et c’est formidable parce qu’on peut apprendre l’un de l’autre. Il s’agit de cinq modules sur des thématiques particulières, sur des questions de remise en jeu de la place du chorégraphe, mais aussi sur des questions de dramaturgie. Cela se déroule d’octobre à avril, sur une semaine à chaque fois. Ces modules sont accompagnés soit par des artistes, soit par des formateurs de La Belle Ouvrage, soit par notre département des ressources professionnelles. Je fais intervenir un dramaturge, Tom Engels, qui travaille habituellement à Bruxelles chez Anne Teresa de Keersmaeker, la scénographe Annie Tolleter, le philosophe Frédéric Pouillaude, et le scénariste et poète Stéphane Bouquet, sur la façon dont on se raconte au sein d’un parcours, et sur des problématiques de projet.
Comment cette formation fait-elle le lien entre théorie et pratique ? Prend-elle en considération les projets en cours des stagiaires ?
M. M. : Il existe des séminaires très théoriques à la table, et d’autres plutôt pratiques où les stagiaires se mettent en jeu à l’intérieur du groupe. Ils vont à la fois voir des spectacles et discuter de leur travail, comme lors du dernier séminaire avec Annie et Tom, qui leur apportent des références extérieures selon les thématiques de chacun. J’entends beaucoup comme paroles : « on est très seul dans notre travail, il n’y a plus de lieu de parole pour parler de l’artistique, on n’a plus de temps pour ça»… Nous avons ainsi envie de faire évoluer ces formations, de mieux les cibler, afin que cela corresponde aux besoins du milieu. C’est la base de notre réflexion.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
Centre National de la Danse, 1 rue Victor Hugo, 93500 Pantin.
Renseignements : 01 41 83 98 68.