La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Etat des lieux de la danse en France

Danser pour l’humanité

Danser pour l’humanité - Critique sortie
© François Ede

Publié le 30 novembre 2011

Poète nomade et d’une incroyable énergie, Carolyn Carlson a joué et joue encore un rôle considérable dans l’épanouissement de la danse contemporaine en France. Elle dirige depuis 2004 le Centre Chorégraphique National de Roubaix Nord-Pas de Calais et l’Atelier de Paris, qu’elle a fondé en 1999.

Quelles sont les spécificités du CCN de Roubaix ?
Carolyn Carlson :
Le CCN de Roubaix rayonne du local vers l’international. Les pièces se créent ici puis tournent en France et à l’étranger. Je soutiens par ailleurs des chorégraphes avec qui j’entretiens une filiation artistique profonde : Brahim Bouchelaghem, Caterina Sagna et Tero Saarinen. Autour de ce cœur créatif, sont développées de nombreuses activités qui ont toutes pour finalité de transmettre la passion de la danse, qu’il s’agisse d’enseignement, de représentations, de sensibilisation. Nous multiplions les échanges avec le territoire, il n’y a pas une ville de la région dans laquelle nous n’ayons joué au moins une fois. Nous cumulons les deux particularités de proposer une saison chorégraphique riche, que nous intitulons Dance Made in Roubaix, et de compter parmi nos activités une école qui accueille 150 jeunes. Au final, notre originalité est de nous réinventer en permanence.

« La danse est un medium universel et mon message est intemporel. »

L’outil que représente le CCN a-t-il permis à votre créativité de prendre forme ?
C. C. :
Le fait de pouvoir convoquer une compagnie polymorphe et de mettre en œuvre des projets ambitieux comme Eau, We were horses et bientôt Synchronicity stimule bien sûr ma créativité, me donne envie de repousser toujours plus loin les limites de mon art. Beaucoup de personnes me demandent comment je peux diriger une aussi grosse organisation. Mais chaque personne  de cette équipe est importante et sait dans quel sens nous allons. Nous échangeons nos expériences, tout le monde se sent partie prenante. Cela correspond aux principes bouddhistes. Chacun a sa part de créativité. Tout le monde est libre de circuler, d’entrer et de voir ce qu’il se passe.

Avez-vous vu le public évoluer depuis que vous êtes arrivée en 2005 à la tête du CCN ?
C. C. :
Dès l’automne 2005 et les premières représentations d’Inanna, dont je garde un souvenir très ému, l’accueil du public a été fantastique. Depuis lors, nous n’avons eu de cesse de travailler pour gagner de nouveaux spectateurs. Nous tenons par exemple à ce que le Centre Chorégraphique soit ouvert aux habitants du quartier et nous les invitons à rencontrer les artistes, en assistant à des répétitions mais aussi en leur faisant éprouver l’aventure de la création. Parents et enfants font des ateliers de danse et d’écriture, puis sont interprètes dans un spectacle avec les élèves de l’école du CCN. Chacun est considéré dans sa singularité et accompagné pour se dépasser, révéler des aspects de sa personnalité qu’il n’avait jamais explorés.  A cet endroit notre seul message consiste à proposer à chacun de se faire confiance, d’écouter ce que son âme et son cœur expriment au contact de l’art.

Quels ont été et quels sont vos repères dans votre parcours chorégraphique  ?
 C. C. :
Diverses rencontres ont ponctué mon parcours chorégraphique, avec mon maître Alwin Nikolais, avec des personnalités fortes comme John Davis, Thomas Erdos, Rolf Liebermann, René Aubry, Italo Gomez, Gérard Violette ou Olivier Debré. Au final, au-delà de tout, je travaille pour l’humanité. C’est mon énergie qui me fait avancer, sans cesse et toujours. La danse est un medium universel et mon message est intemporel. Je danse avec mon cœur, mon âme. Les émotions s’inscrivent dans la mémoire de celui qui les reçoit et mon plus beau cadeau est quand elles transforment sa perception. Un poème, une image, une pièce de musique, un geste, une émotion peuvent constituer autant de sources d’inspiration dans lesquelles je puise pour créer. En ce moment, je trouve des réflexions qui me nourrissent dans les écrits de Carl Jung pour Synchronicity, ma prochaine création en avril prochain. La danse est une matière avec laquelle je façonne mon œuvre poétique et je raconte l’indicible.

Propos recueillis par Agnès Santi

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