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La musique contemporaine dans tous ses états

Centres nationaux de création musicale

Centres nationaux de création musicale - Critique sortie
James Giraudon dirige le Grame, qui organise à Lyon la Biennale “Musiques en scène“. Crédit : DR

Publié le 17 novembre 2013

Six centres sont répartis sur le territoire, de Reims à Nice. Quel est leur rôle ? Comment fonctionnent-ils ? Décryptage.

En 2011, l’Institut international de musique électroacoustique de Bourges a mis la clé sous la porte, suite à une baisse drastique de sa subvention du ministère de la Culture. Les centres nationaux de création musicale (CNCM) ne sont désormais plus que six : La Muse en circuit (Alfortville), Gmem (Marseille), Césaré (Reims), Grame (Lyon), Gmea (Albi) et Cirm (Nice). Créé en 1996, dans la prolongation des studios de création musicale, le label CNCM impose aux centres un véritable cahier des charges. « Les CNCM sont à la musique ce que sont les CDN pour le théâtre, les CCN pour la danse ou les CNAR pour les arts de la rue. Leur rôle est essentiel pour la production et la diffusion des œuvres les plus singulières et les plus originales de la création musicale », souligne Wilfried Wendling, nouveau directeur de La Muse en circuit. « Nous soutenons la création en donnant à des artistes la possibilité de développer des projets par une politique de commandes, de résidences et de laboratoires », tient à rappeler Philippe Le Goff, directeur général et artistique de Césaré, avant de préciser : « Nous laissons une place importante à la recherche et à l’expérimentation pour laisser émerger de nouvelles écritures. » Derrière ce programme commun, chaque centre possède sa propre spécificité artistique. Elle tient en général à la personnalité et au parcours de son directeur. « Il n’y a pas une manière unique de diriger un Centre national de création musicale, nous confirme François Paris, directeur du Cirm. Je dirige le CIRM comme un « compositeur directeur » et non l’inverse. J’essaye de conjuguer en permanence légitimité artistique et légitimité institutionnelle : je peux par exemple engager un ensemble parce que j’ai eu la chance de travailler avec lui comme compositeur et donc de le connaître “de l’intérieur”. Compositeur, je travaille moi-même beaucoup, et depuis bien longtemps, sur les micro-intervalles, et ceux-ci étaient aussi une des spécificités affichées du fondateur du CIRM. »

Festivals

Au cours des dernières années, les CNCM ont pu être pointés du doigt pour leur démarche artistique jugée par certains trop élitiste, en particulier sur le lien entre musiques et technologies. Pour gommer ce cliché, les structures ont développé de plus en plus de manifestations publiques. Chaque centre a son « temps fort » : biennale « Musiques en scène » à Lyon, festival « Extension » à La Muse en circuit, « Manca » à Nice… Un ancrage local qui doit également s’accompagner d’un essor à l’international. James Giraudon, directeur du Grame, insiste sur cet aspect : « Dès sa fondation en 1982, le Grame a développé des relations et collaborations avec l’Amérique du Nord et les ex-Pays de l’Est. Le premier concert de musique informatique à Moscou a été présenté en 1984 auprès de l’Académie des sciences et l’Union des compositeurs. De grands spectacles ont eu lieu sur des sites prestigieux, comme Babylone, Ulm et les rives du Danube… Plus récemment, en 2010, l’exposition “Mobilités, sons et formes“ au Musée de Taipei a accueilli près de 150 000 visiteurs. » Mais aujourd’hui, ce développement se heurte à des réalités financières. Pour la plupart des centres, les subventions publiques sont en berne. « Nous avons perdu 25% de nos subventions de fonctionnement depuis 2007. Malgré tout, nous fonctionnons, mais il y a des effets de seuil : en 2010, suite à la diminution surprise de plus de 50% de la subvention du Conseil général des Alpes-Maritimes, j’ai été obligé de renoncer à la création d’un poste de chargé de pédagogie, pourtant indispensable », nous explique François Paris. Le Centre Césaré doit, lui, faire face à une baisse de 22% de la part du département et de 10% de la région.  La Muse en circuit, seul centre national en Ile-de-France, est pour sa part relativement épargné. La vitalité des CNCM dépend du soutien des politiques.

Antoine Pecqueur

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