Le Cirque contemporain en France
Au fil de la vie
Collectif monodisciplinaire / le fil
Publié le 11 novembre 2014Couple à la vie et sous le chapiteau, Agathe Olivier et Antoine Rigot ont fondé les Colporteurs en 1996. Une aventure artistique magnifique, sur le fil.
« Le fil traduit la fragilité de nos existences. »
« Le fil touche bien sûr à la sensation d’équilibre pour l’humain. Sur le fil, c’est tout aussi excitant que ces premiers moments où l’enfant marche. L’équilibre vous prend. La sensation intérieure est très forte. C’est difficile au début mais jouissif après. On ne sent pas l’effort. L’homme lourd se transforme en plume. A cela s‘ajoute la question de la hauteur, et donc de la gestion des émotions. Le risque éveille tous les sens et te place dans des états particuliers. Enfin, du côté artistique, le fil traduit la fragilité de nos existences. Et la question de l’équilibre peut ainsi se décliner. Pour Amore captus, nous avions par exemple abordé la question de la relation amoureuse. Les gens se projetaient dans les images et les situations que nous avions inventées.
Dynamique narrative
Le fil est vraiment un passeur étonnant au niveau de la sensibilité. Puis, j’ai eu un accident qui n’était pas lié au fil, qui m’a gravement blessé. Cela a été la fin de l’inconscience et aussi le début d’une dynamique narrative. Au fur et à mesure, nous avons pris conscience que le fil est un langage qui traduit plein de choses, dit davantage encore que ce que nous-mêmes réfléchissons. Et comme nous avons acheté un chapiteau, nous avons créé des spectacles pluridisciplinaires pour construire un espace de parole et de réflexion sur l’histoire de notre monde. Les conditions économiques rendent aujourd’hui ce modèle difficile, et nous obligent à trouver un nouvel équilibre. Nous restons sur le fil. »
Propos recueillis par Eric Demey
* Salto mortale, un très beau film documentaire sur Antoine Rigot, réalisé par Guillaume Kozakiewiez, sort en novembre dans les salles de cinéma.