Hom(m)

Loïc Faure se définit avant tout comme un homme de cirque. Plus qu’un jongleur, plus qu’un acrobate, plus qu’un contorsionniste, il incarne le cirque dans un esprit (et un corps !) de synthèse qui lui permet d’en dépasser les limites. Ainsi, son travail, qui pourrait s’apparenter à un « seul en scène » sur le mode du numéro, tricote les disciplines et les techniques pour mieux en faire jaillir les ressorts dramaturgiques et nous plonger dans un univers personnel. Avec Hom(m), sa recherche de l’agrès, auprès du designer luxembourgeois Gilles Gardula, s’est très vite focalisée sur l’objet-cage : un objet que l’on peut manipuler mais qui manipule le corps tout autant, donnant lieu à d’invraisemblables propositions gestuelles. Et Loïc Faure de s’en donner à cœur joie, bravant les 180 kilos de métal pour laisser aller sa folie.

Enfermé libre

Hom(m) est un spectacle qui joue sur les contrastes et les ambivalences. Cet homme est-il vraiment seul, quand une déferlante de balles vient occuper ses obsessions ? Est-il vraiment enchaîné, quand il semble préférer la liberté de l’invention dans la contrainte ? Finalement, c’est de désir qu’il est question ici : le désir d’un homme touche-à-tout, dans une soif de défi jamais assouvie. Bravant l’enfermement, aux confins de l’absurdité d’un système, il offre une belle ode à l’obstination envers et contre tout, montrant les déraisons des hommes coincés dans leurs certitudes.

Nathalie Yokel