La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Hautes tensions

Hautes tensions - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Heli-Sorjone Légende photo : Petit mal, de la Race Horse Company

Publié le 10 avril 2011 - N° 187

La première édition de ce nouveau rendez-vous du Parc de la Villette croise cirque contemporain, théâtre et danse hip hop à travers une quinzaine de créations qui bousculent les frontières disciplinaires.

Voilà déjà quelques années que le cirque distend les clichés du genre qui souvent encore l’amarrent sagement dans le périmètre balisé entre esthétique néoclassique et ambiance bon enfant. Certes, nombre d’artistes se sont défaits des atours clinquants et conventions corsetées depuis que le vent nouveau a ébouriffé la tradition dans les années 80. Quelques-uns s’aventurent aujourd’hui aux lisières des arts et, utilisant les techniques du cirque comme autant de langages de corps, brouillent les lignes de démarcation pour étendre le champ des possibles. Cette évolution croise celle du hip hop, qui lui aussi décale ses codes et dialogue avec d’autres univers. A travers une quinzaine de créations conçues par une nouvelle génération d’artistes français et internationaux, le festival Hautes tensions témoigne de ces démarches singulières, qui engagent une réflexion critique sur la société, sur l’intime et la construction de soi, sur le difficile équilibre entre l’individuel et le collectif.
 
Des formes artistiques inventives
 
La première édition s’ouvre en trio avec Qu’après en être revenu, de Jean-Baptiste André, qui pousse les équilibres et la résistance des corps jusqu’à l’épuisement comme métaphore d’une quête initiatique. Acrobate, contorsionniste et jongleuse, Jeanne Mordoj mène aussi l’exploration au cœur de l’extrême intime : dans Adieu poupée, elle parcourt un monde intérieur peuplé d’effigies d’une féminité incertaine qu’elle malmène et démène. Mister Monster, d’Anomalie, frouille les anfractuosités de la normalité bourgeoise pour desceller la part monstrueuse ferrée sous les apparences. Avec Nour, le GdRA sonde le réel et creuse la veine d’un cirque documentaire nourri d’un patient travail d’enquête, où écritures circassienne, chorégraphique, musicale et vidéo retracent le destin d’une jeune d’origine algéro-marocaine. Race Horse Compagny plante son Petit mal dans une friche, là où les bandes zonent et s’ébattent par d’inventifs jeux d’agrès au rythme rock de leurs rêveries. Le hip hop ici aussi se métisse, avec les marionnettes dans Congo my body, pour évoquer le sort des enfants-soldats, ou avec le vélo acrobatique dans Schwarze Katze du Renegade Theatre. Qu’il se mêle à la danse savante dans Tetris, d’Anthony Egéa avec la Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, qu’il cherche sa résonance essentielle dans Vaduz de Farid Berki ou encore qu’il pioche dans le bréviaire des gestes ordinaires, dans La cuisine de Pan, le hip hop réinvente son vocabulaire… par la rencontre.
 
Gwénola David


Hautes tensions. Du 6 au 17 avril 2011, du mercredi au samedi, spectacles à 19h et 21h ((sauf Compagnie Là Hors De à 18h) et et « 2 compagnies sur 1 plateau » à 20h30 ; le dimanche, spectacles à partir de 15h30. Parc de la Villette, 211 avenue Jean-Jaurès Paris 19e. Rens. : www.villette.com  – 01 40 03 75 75.

A propos de l'événement

Cirque

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