Agathe Charnet présente « Nous étions la forêt », une fiction inspirée par le monde rural
Des scènes humoristiques, des chansons, des [...]
Unissant des comédiens professionnels et amateurs, Gaëtan Petot et les siens proposent une version de Cyrano qui exalte l’idée d’une respiration collective, d’une transmission partagée. Portée par Laurent Muzy, excellent dans le rôle-titre, la pièce séduit malgré quelques fragilités.
C’est toujours un plaisir d’entendre les vers célébrissimes de cette pièce patrimoniale, indémodable : un sommet théâtral et littéraire dont s’emparent aujourd’hui encore nombre d’artistes. Loin des ors de la Comédie-Française où elle est actuellement présentée, l’œuvre est ici montée au sein de La Camilienne, une association culturelle du douzième arrondissement de Paris où la Compagnie Gepetto anime des ateliers depuis des années. Directeur artistique et metteur en scène de la compagnie, Gaëtan Petot a voulu relever le défi de monter la pièce en unissant comédiens professionnels et amateurs. Un choix qui célèbre le théâtre et son jeu, malgré les contraintes d’un lieu atypique qui n’a pas les atouts d’une véritable salle de spectacle. Pivot de la partition, l’interprète principal Laurent Muzy compose un beau Cyrano, à la fois héros flamboyant idéaliste et épris de liberté, poète traversé de mélancolie, amoureux complexé et profondément solitaire. Plutôt femme assurée qu’amoureuse éthérée, la Roxane d’Odile Lavie n’a rien d’une potiche, elle est une « Précieuse » dupée qui découvre la grandeur de l’amour de l’âme. Dans un jeu très maîtrisé, Manuel Olinger a une belle prestance en De Guiche, homme de pouvoir qui sait finalement faire preuve de courage et dignité. Matthias Guallarano est le beau Christian, incapable de parler d’amour, un peu encombré de lui-même et nulle part à sa place. « Je serai ton esprit, tu seras ma beauté. », lui confie Cyrano.
Intemporel Cyrano
Des scènes de cape et d’épée aux tartelettes amandine de Ragueneau, de l’expression de l’amour aux conditions de la guerre, se déploient une multitude de rôles et registres. Le metteur en scène a souhaité entourer Cyrano d’un chœur d’une douzaine de protagonistes qu’il appelle « le Cyranesque », qui accompagne le héros gascon tout au long de la représentation, créant ainsi comme une respiration collective, une transmission commune, en écho à l’idée que « nous avons tous une part de Cyrano », que « les personnages parlent de nous tous ». Il redistribue ainsi les répliques de Cyrano et des personnages secondaires au sein du chœur, composé d’amateurs et professionnels : une belle idée qui exige une chorégraphie et une circulation de la parole précises, qui globalement fonctionne malgré quelques fragilités. La scénographie très sommaire est compensée par un travail sur les lumières et surtout la création sonore de Tom Lefort. Revenons au fameux « panache », le mot de la fin… Edmond Rostand l’évoque dans son discours de réception à l’Académie Française, en juin 1903. « Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, – et d’un peu frisé. (…) Le panache, c’est souvent, dans un sacrifice qu’on fait, une consolation d’attitude qu’on se donne. Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n’est qu’une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l’esprit qui voltige n’est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) » Sublime Cyrano, qui ainsi persiste à sourire et se refuse au tragique…
Agnès Santi
du jeudi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche du lundi au mercredi. Tél : 01 43 07 55 61. Durée : 3h05 avec entracte.
Des scènes humoristiques, des chansons, des [...]
Difficile de réinventer le lien entre [...]
Camille Cottin et Jonathan Capdevielle [...]