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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2022 - Entretien / Jan Martens

Futur Proche de Jan Martens

Futur Proche  de Jan Martens - Critique sortie Avignon / 2022 Avignon Festival d’Avignon. Cour d’honneur du Palais des papes
Stine Sampers / Jan Martens

Entretien
Festival d’Avignon /Cour d’Honneur / Chor. Jan Martens

Publié le 26 juin 2022 - N° 301

Jan Martens crée pour la Cour d’honneur Futur Proche, une émouvante interrogation sur notre capacité à changer, avec quinze danseurs de l’Opera Ballet Vlaanderen, et la claveciniste polonaise Goska Isphording.

Quel est le point de départ de Futur Proche ? L’attrait pour le clavecin ou l’incertitude concernant notre avenir ?

Jan Martens : Je pense que ce sont les deux. Incertitude et certitude quant à l’avenir, car il est clair que nous n’allons pas dans la bonne direction et il est temps de réagir vraiment. Par ailleurs, je suis tombé amoureux du clavecin. Je vois dans cet instrument un outil lié aussi au futur, car plusieurs compositeurs contemporains écrivent pour cet instrument ancien, symbole de l’ère baroque. J’ai choisi six pièces de musiciens différents peu connus en collaboration avec la claveciniste Goska Isphording. Pour moi c’est très important de faire partager de nouvelles voix.

Comment faites-vous entrer la problématique environnementale dans la chorégraphie ?

J.M. : Il y aura des images qui vont associer très directement la chorégraphie au changement climatique. Je vais aussi travailler avec des représentations qui parlent de renouveau, de baptême. Comment aller dans une direction qui contrarie la prédestination ? Voilà ce que je tente de traduire dans la chorégraphie. D’où l’analogie avec le clavecin dont le destin était d’être oublié avec l’arrivée du piano. Or, le 20e siècle l’a fait renaître de ses cendres grâce à des personnalités comme Wanda Landowska ou Elisabeth Chojnacka, qui m’a inspiré mon solo, Elisabeth gets her way.

Qu’est-ce qui vous fascine dans le clavecin ?

J.M. : C’est un instrument dont on pense le registre limité parce qu’il ne résonne pas comme un piano, et je veux montrer qu’il a d’autres possibilités. Comme il n’a pas de résonance, il devient presque un instrument percussif et invite à travailler avec le rythme, ce que j’aime particulièrement en tant que danseur et chorégraphe.

Qu’avez-vous prévu comme scénographie pour la Cour d’Honneur ?

J.M. : Goska sera au centre de la scène, son clavecin face au public. Sur le plateau, il y a un banc de 15 à 18 mètres au milieu de la scène, comme une métaphore d’un élément massif qu’on ne peut pas ignorer, comme le climat. Ce qui ne me facilite pas la tâche mais a beaucoup de sens dramaturgiquement parlant. Goska est assise sur ce banc et joue. D’où la frontalité. Ce banc représente également un espace de passivité où on attend, on regarde le public, comme si les choses allaient se résoudre d’elles-mêmes. Donc cela reste abstrait mais pour moi chaque élément a beaucoup de poids et de significations. Les costumes seront très simples, des vêtements de travail, bon marché, de seconde main. J’ai choisi des pièces qui étaient dans les stocks des ateliers de l’Opera Ballet Vlaanderen afin de briser l’esthétique du ballet, c’est-à-dire ces corps fabuleux vêtus de costumes très moulants ou quasi nus.

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Futur Proche de Jan Martens
du mardi 19 juillet 2022 au dimanche 24 juillet 2022
Festival d’Avignon. Cour d’honneur du Palais des papes
Place du Palais, Avignon

à 21h30. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.

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